La banque ouverte sera bientôt une réalité au Canada. Un nouveau rapport appelle à un lancement en janvier 2023.
Les services financiers ont fait un pas de plus vers l’innovation au Canada avec la parution du second rapport du Comité consultatif sur un système bancaire ouvert. Le moment est opportun. La croissance rapide des services bancaires numériques induite par la pandémie de COVID-19 a fait la preuve qu’un système bancaire ouvert est la voie de l’avenir. Le lancement du système est prévu pour janvier 2023.
Nous avons eu l’honneur de servir de facilitateurs dans le processus de consultation qui a mené aux recommandations du comité. Celles-ci visent essentiellement à éliminer le grattage écran, à améliorer l’expérience des consommateurs et des entreprises et à soutenir l’innovation.
Bien que les consultations aient permis de réunir plusieurs points de vue concernant le développement du système bancaire ouvert au Canada, il revient à présent aux banques de prouver qu’elles peuvent apporter une contribution précieuse à cet important changement dans le paysage des services financiers. Le comité a prévu un laps de temps assez court pour la mise en place du cadre de fonctionnement. Nous voyons trois éléments essentiels sur lesquels les banques pourraient intervenir : l’accréditation, les normes techniques et les règles de base.
Les critères d’accréditation permettant l’admission dans l’écosystème doivent être suffisamment stricts pour éviter les risques et suffisamment souples pour s’appliquer à des entités extérieures au secteur des services financiers. L’équilibre doit être approprié, de façon à ne pas mettre des barrières insurmontables à l’entrée.
Dans son rapport, le comité prévoit un délai de neuf mois pour la création d’un cadre et d’un processus d’accréditation, sous la responsabilité d’une personne nommée par le gouvernement. Les banques, qui sont les gardiennes actuelles des données financières de leurs clients, ont une opportunité de se concerter pour participer activement à ce processus et proposer une perspective commune pour la gestion des risques.
Les banques canadiennes ont beaucoup à offrir du fait de l’expérience qu’elles tirent de leurs accords bilatéraux avec les sociétés de technologie financière (fintechs). Car chacune, dans ces accords, a déjà défini un seuil pour les risques de sécurité, de confidentialité et de contrepartie. Elles n’auront alors qu’à mettre leur expérience en commun et proposer au responsable du projet de système bancaire ouvert des recommandations concrètes qui, plus qu’un énoncé d’intention, constitueront un modèle détaillé pour l’accréditation.
Si les fintechs signent depuis un certain temps des accords bilatéraux avec les banques, elles n’en jugent pas moins que les restrictions qui leur sont imposées sont parfois indues. Or ces restrictions relèvent largement des exigences de gestion du risque lié aux tiers mises en place par les autorités de réglementation. Ces exigences ont certes leur raison d’être pour assurer la sécurité et le bien-fondé des ententes conclues par les banques, comme les partenariats et l’externalisation, mais on craint que le système bancaire ouvert impose les mêmes obligations pour les échanges de données.
Si la participation des banques au système bancaire ouvert devient obligatoire, ces échanges de données devraient être exonérés des obligations de gestion du risque lié aux tiers, dans la mesure où un organisme de gouvernance gérera l’accès à l’écosystème par un processus d’accréditation et où les parties devront toutes se conformer aux exigences. Il est donc important que les autorités clarifient leur position ou qu’elles modifient la réglementation en fonction des besoins du système bancaire ouvert proposé.
Comme le rapport l’indique, les spécifications et normes techniques doivent aller au-delà des infrastructures de partage des données et traiter de l’expérience client, élément essentiel au succès du système bancaire ouvert. Raison de plus pour que les banques poursuivent sur leur lancée et prennent une part active dans cette collaboration. Le rapport évoque une intervention du gouvernement si les progrès ne sont pas suffisants, ce qui souligne l’importance accordée aux normes techniques.
Les normes techniques sont l’un des aspects sur lesquels les banques peuvent avoir le plus grand impact. Sans entériner une approche particulière, le comité a reconnu les progrès déjà réalisés par le secteur bancaire dans son premier rapport. Les spécifications et normes techniques doivent aller au-delà des infrastructures de partage des données et traiter de l’expérience client, élément essentiel au succès du système bancaire ouvert. Raison de plus pour que les banques poursuivent sur leur lancée et prennent une part active dans la définition des normes techniques.
Aider à finaliser la longue liste des cas d’utilisation actuelle et future pour que les systèmes bancaires ouverts orientent la conception.
Obtenir une représentation dans les comités techniques en nommant des experts qui ont les connaissances nécessaires à l’élaboration des normes en plus de la capacité de représenter les banques dans les prises de décision.
Engager un large éventail de parties prenantes spécialisées en affaires et dans le technique provenant du secteur bancaire lors de la période de commentaires afin que les normes soient analysées de différents angles.
Maintenir l’engagement au-delà de l’approbation des premières normes pour en conserver la pertinence.
Des règles de base concernant la fiabilité, la confidentialité et la sécurité seront essentielles au succès du système bancaire ouvert. Comme pour l’accréditation, le rapport recommande que ces règles soient définies en concertation avec le secteur. Nous y voyons une belle opportunité pour les banques qui pourraient proposer un modèle qui servira de point de départ pour l’élaboration des règles, particulièrement dans les domaines où elles possèdent une vaste expérience, comme la confidentialité et la sécurité.
Étant donné la confiance qu’elles ont bâties auprès de leurs clients et leurs normes de confidentialité éprouvées, les banques sont très bien placées pour dire comment le consommateur pourrait donner, gérer et révoquer son consentement. Il pourrait s’agir d’une plateforme centralisée de gestion du consentement qui offrirait une expérience standard et uniforme à l’utilisateur. Mais cela exigera un équilibre prudent entre une protection solide des renseignements personnels et des exigences qui, si elles sont trop strictes, pourraient faire obstacle à l’adoption du système bancaire ouvert ou transformer le consentement en un parcours du combattant.
Comme l’indique le rapport, les règles de base pourraient évoluer entre les premières phases du système bancaire ouvert et les plus avancées qui comporteront nécessairement plus de risques. Par exemple, ce qui convient à l’agrégation des comptes pourrait ne pas convenir aux opérations effectuées sur le compte d’un client.
L’élaboration des règles de base pourrait certainement bénéficier de l’expertise des banques dans des domaines comme l’authentification, l’autorisation et la gestion d’accès, ainsi que la gestion des risques sécuritaire, opérationnel et systémique. Et comme pour les normes techniques, celles-ci devront parler d’une seule voix et mettre en valeur les avantages d’un groupe de travail composé d’intervenants différents pour progresser rapidement.
Maintenant que le comité a recommandé une approche et un calendrier clair pour la création d’un système bancaire ouvert au Canada, le secteur a la possibilité de façonner le prochain stade de la transformation des services financiers grâce à son expérience dans plusieurs domaines clés. Le rapport indique clairement qu’en l’absence de progrès significatifs dans les 18 mois précédant la date de lancement, le gouvernement pourrait prendre des moyens plus directifs.
Le moment est également propice pour les banques canadiennes qui pourraient relever les défis considérables de la transformation en recentrant leurs efforts sur les capacités qui les aideront à réussir sur le marché. Les banques auraient grand intérêt à envisager leurs partenariats avec d’autres joueurs comme les fintechs comme une opportunité de stimuler leur croissance, soit par l’accès à de nouveau marchés, soit par une diversification de leur offre ou encore en utilisant le système bancaire ouvert comme un tremplin pour accroître l’engagement de leurs clients et approfondir leurs relations avec eux grâce à la numérisation.
Le moment est venu de préparer l’avenir, et nous savons que nos banques sont prêtes.
Associé, leader, Systèmes de paiement et Système bancaire ouvert et leader, Services au secteur financier du groupe Conseils, PwC Canada
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Associée, leader nationale, Services financiers – opérations numériques, PwC Canada
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Directeur principal, Services bancaires numériques, PwC Canada
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