Les consommateurs canadiens confirment tenir à leurs habitudes d’achat en personne, mais affirment que les technologies de libre-service et un personnel serviable peuvent améliorer leur expérience.
Les perturbations des chaînes d’approvisionnement mettent encore à l’épreuve la loyauté des consommateurs canadiens qui sont nombreux à fréquenter plusieurs magasins pour répondre à leurs besoins.
Les consommateurs canadiens n’indiquent pas toutes les données, se retirent des communications et réduisent même leurs achats quand ils s’inquiètent de la protection de leurs renseignements personnels.
Des prix en hausse, un risque de récession et une grande incertitude pèsent sur le moral des consommateurs canadiens. Près de la moitié d’entre eux (47 %) affirment être très inquiets ou extrêmement inquiets pour leurs finances personnelles, et 70 % réduisent leurs achats non essentiels.
A priori, une telle conjoncture pourrait être de mauvais augure pour les détaillants et les producteurs de biens de consommation, mais c’est compter sans la résilience des consommateurs canadiens. En fait, les ventes au détail ont augmenté dans les derniers mois en glissement annuel, selon Statistique Canada[1]. Les acheteurs continuent à acheter, quoiqu’avec une plus grande sensibilité aux prix et la recherche d’une meilleure expérience numérique et en personne.
Parallèlement, les entreprises disposent de nouveaux moyens pour répondre à ces attentes et se distinguer, tout en réduisant leurs coûts et en offrant une expérience sans friction. Combiner l’ingéniosité humaine, l’expertise et les innovations technologiques permet de réimaginer les processus de façon à gagner des parts de marché et à positionner l’entreprise pour une croissance future.
Les résultats de notre dernier sondage mondial Consumer Insights peuvent être utiles aux entreprises à cet égard. À la fin de 2022, nous avons sondé plus de 500 consommateurs canadiens dans tout le pays, ainsi que des milliers dans le monde entier. Ils nous ont parlé de leurs habitudes de consommation, de leurs intentions d’achats, de leurs mécontentements et de leurs préférences lorsqu’ils interagissent avec les marques. Le constat le plus frappant est leur grande exigence à l’égard des détaillants et producteurs de biens de consommation : ils veulent un service rapide et efficace, mais demandent également une relation de confiance personnalisée.
La majorité des consommateurs canadiens pensent que leurs dépenses augmenteront ou resteront les mêmes pour la plupart des catégories de produits dans les mois à venir. C’est une bonne nouvelle pour les détaillants et les producteurs de biens de consommation.
Cela étant, le nombre de ceux qui pensent réduire leurs dépenses a augmenté depuis notre dernier sondage, ce qui dénote encore une fois les préoccupations des Canadiens concernant leurs finances personnelles.
La pandémie, et le confinement, ont bouleversé les habitudes de consommation. Mais après quelques années incertaines, les préférences des consommateurs se confirment. Les résultats de notre sondage sont clairs : les consommateurs canadiens aiment faire leurs achats en personne; 73 % fréquentent un magasin au moins une fois par mois.
Les consommateurs nous ont aussi parlé de leurs expériences dans les magasins, et notamment de ce qui les a mécontentés. Sans surprise, la hausse des prix des biens ménagers est de loin la réponse la plus fréquente, citée par 67 % des répondants.
Une autre réponse est ressortie du lot : près d’un quart (23 %) des consommateurs canadiens disent devoir très souvent faire de longues queues dans des magasins qui semblent très achalandés. Pour de nombreux détaillants, cela est dû à la pénurie de main-d’œuvre généralisée dans l’économie. Malheureusement, peu s’attendent à ce que la situation s’améliore rapidement. En fait, selon notre 26e Enquête annuelle auprès des chefs de direction, 46 % des répondants dans le secteur des biens de consommation s’attendent à une augmentation des démissions et des départs à la retraite en 2023.
L’automatisation et une plus grande utilisation des technologies peuvent apporter des réponses efficaces à ce problème et aussi donner aux détaillants l’occasion de se distinguer.
Les technologies de libre-service qui permettent d’éviter les caissiers et caissières gagnent en popularité. De nombreux supermarchés et pharmacies permettent aux clients de numériser leurs achats et de payer à une borne. Chez certains détaillants de mode, des étiquettes RFID (radio-identification) attachées aux vêtements permettent de calculer le total et de payer à une caisse libre-service simplement en plaçant les articles dans un panier. Apparaissent également des libres-services « grab-and-go » où il est possible de prendre un article sur une tablette et de sortir du magasin sans avoir besoin de passer par une caisse, grâce à des caméras intelligentes, à l’intelligence artificielle et à l’Internet des objets.
Les caisses libre-service sont particulièrement appréciées des consommateurs canadiens. Près de la moitié (48 %) trouvent ce service pratique, et 20 % s’intéressent aux technologies de numérisation « scan-and-go » qui permettent d’enregistrer les achats à mesure sur leur téléphone au moyen d’une application du détaillant. Nous pensons que ces chiffres augmenteront à mesure que les technologies seront mieux connues. Aux États-Unis, où la technologie scan-and-go est plus répandue, 30 % des consommateurs la trouvent intéressante et le pourcentage est plus élevé à l’échelle mondiale, à 34 %.
Ces services sont soutenus par des plateformes technologiques puissantes. Cependant, leur implantation nécessite plus qu’un remplacement des caisses enregistreuses traditionnelles par des bornes automatiques.
Les détaillants qui ont réussi cette implantation ont commencé par une vision claire de l’expérience qu’ils voulaient créer. Au-delà du paiement en libre-service, on peut penser au téléchargement d’offres personnalisées sur le téléphone à l’entrée du magasin, ou encore à l’utilisation d’une application exclusive pour voir les produits pendant que l’on est sur place (34 % des consommateurs canadiens trouvent ce service intéressant).
Nos collègues du Royaume-Uni ont publié récemment un document décrivant comment le choix des technologies à implanter — ainsi que du moment, du lieu et de la méthode d’implantation — peut s’inscrire dans la stratégie et le modèle d’exploitation et répondre aux préférences de la clientèle. Il est également important de penser aux indicateurs de performance ainsi qu’à la formation des employés et aux capacités de soutien nécessaires.
S’il est vrai que les technologies de libre-service apportent une solution aux pénuries de personnel et à la hausse des coûts de main-d’œuvre, elles ne sont pas là pour remplacer les employés. Au contraire, elles doivent les libérer de certaines tâches et leur permettre de se concentrer sur des activités à valeur ajoutée qui améliorent l’expérience du client. Cela est important pour les consommateurs canadiens qui sont 52 % à déclarer que des vendeurs compétents et serviables sont l’un des attraits de l’achat en magasin. Ce critère est celui qui a obtenu le pourcentage le plus élevé.
Les détaillants, quant à eux, peuvent en tirer d’autres avantages que la satisfaction du client. Les vendeurs qui comprennent l’origine d’un produit et les matériaux, et qui savent communiquer cette information, peuvent obtenir le « plus » que les consommateurs sont prêts à payer pour des produits locaux, favorables à l’environnement ou socialement responsables.
Mais le rôle des vendeurs ne s’arrête pas là. Les meilleurs employés du commerce de détail comprennent comment les médias sociaux et autres influenceurs façonnent les goûts et préférences des consommateurs. Par exemple, un acheteur dans une boutique de mode pourrait faire référence à la tenue portée par une célébrité qu’il a vue en ligne. Un vendeur perspicace pourrait lui proposer plusieurs pièces qui lui permettront de créer un « look » similaire.
Les employés peuvent également utiliser les technologies pour résoudre les frictions et créer une expérience distinctive, en alignant le prix d’un produit en magasin sur celui proposé en ligne, par exemple, ou en commandant un article à l’entrepôt pour livraison au domicile du client.
Offrir ces services nécessite cependant un perfectionnement des employés. À cet égard, il est possible de trouver une entreprise qui assurera une formation ciblée, mais le perfectionnement n’est qu’une possibilité parmi toutes celles que la technologie peut offrir pour améliorer l’expérience du personnel. Les systèmes qui contiennent des outils de gestion de la performance, de recrutement, d’accueil des nouveaux employés, de planification de carrière et de rémunération permettent aux employés de mieux comprendre leur place dans l’entreprise et de mieux contribuer à ses résultats.
Il est également possible d’accroître l’engagement des employés par des outils d’amélioration de la productivité comme la localisation des stocks, les inventaires tournants, la réception des marchandises et la performance du service après-vente. Ces outils permettent aussi à l’entreprise de s’adapter à la pénurie de main-d’œuvre et à la rotation du personnel, et notamment à la perte d’employés expérimentés ayant une connaissance approfondie du fonctionnement.
Les ruptures de stock et les retards de livraison sont moins fréquents qu’il y a un an, mais ils sont encore trop nombreux selon les consommateurs.
Plus les consommateurs ont du mal à obtenir les produits qu’ils désirent, plus ils ont tendance à chercher d’autres solutions. Plus d’un tiers (34 %) des consommateurs canadiens disent résoudre le problème en s’adressant à plusieurs détaillants. Un nombre similaire (32 %) remplacent le produit visé par celui de la marque du détaillant et 28 % utilisent des sites comparatifs pour vérifier la disponibilité. Les consommateurs canadiens refusent par ailleurs clairement de dépenser plus pour des produits de substitution; ils sont 13 % seulement à le faire, comparativement à 25 % aux États-Unis et à 24 % dans le monde.
Cela menace les relations des marques avec leurs clients, mais avantage les entreprises qui s’efforcent de résoudre leurs problèmes d’approvisionnement. Certains détaillants et fabricants de biens de consommation sont déjà en train de revoir leurs réseaux de fournisseurs et de distribution. Dans notre dernier sondage auprès des chefs de direction, 49 % des chefs d’entreprises de produits de consommation ont déclaré prévoir des ajustements à leur chaîne d’approvisionnement en 2023.
Dans certains cas, cela signifie de diversifier les fournisseurs, de relocaliser les activités plus près et de créer des usines de fabrication régionales. Les données et les outils analytiques permettent de prendre des décisions plus éclairées à cet égard. Les entreprises qui les utilisent ont une idée plus précise de l’origine de leurs composants et produits et peuvent ainsi effectuer des analyses plus fines. D’autres utilisent des technologies d’automatisation pour accélérer leur distribution, éliminer les écarts et réagir au resserrement du marché de l’emploi.
Les entreprises qui réussissent à intégrer les données, l’analytique et l’automatisation dans leurs réseaux d’approvisionnement et de distribution peuvent réduire leur structure de coûts. Elles ont aussi la possibilité d’accroître leur part de marché : un consommateur canadien sur cinq déclare avoir l’intention, dans les six prochains mois, d’augmenter ses achats auprès des détaillants qui offrent un service de livraison efficace.
Les consommateurs nous ont dit qu’ils aiment faire leurs achats dans les magasins. Mais ils ont aussi dit qu’ils utilisent d’autres moyens. Par exemple, 42 % des consommateurs canadiens font des achats sur leur téléphone au moins une fois par mois, ce qui nous paraît faible pour le moment. Dans le monde, ils sont 62 % à acheter des produits sur un appareil mobile au moins une fois par mois. Les Canadiens vont y venir, ce n’est qu’une question de temps.
Obtenir une part de ce marché en croissance requiert cependant plus qu’une application mobile de commerce électronique. Cela demande de repenser la façon dont les consommateurs utiliseront la technologie sur plusieurs canaux — parfois simultanément — pour interagir avec votre entreprise et sa marque.
Nous nous intéressons particulièrement au métavers, c’est-à-dire à une expérience immersive dans un monde virtuel accessible sur différentes plateformes, qui permet à l’utilisateur de socialiser, travailler, jouer et acheter des objets numériques et physiques. Ce système en est à ses débuts avec 26 % d’utilisateurs à l’échelle mondiale, et encore moins au Canada, à 12 %.
Peu d’entreprises considèrent le métavers comme une priorité. Dans notre sondage auprès des chefs de direction, seulement 5 % des répondants du secteur ont déclaré prévoir investir dans le métavers cette année, soit un peu moins que la moyenne mondiale de 9 %. Le métavers n’est pas encore prêt pour un déploiement à grande échelle, mais certains détaillants et certaines entreprises de produits de consommation commencent à utiliser des techniques créatives pour y trouver de la valeur.
Les marques de luxe sont parmi les pionnières les plus notables. Certaines utilisent des techniques de jeu pour présenter leurs collections, attirer un public plus jeune et vendre des concepts numériques et des produits tangibles dans le métavers. Elles créent ainsi des jeux dans lesquels les joueurs choisissent et personnalisent les vêtements que leur personnage portera pendant ses activités, et cherchent à gagner des articles numériques et physiques. Certaines marques créent également leurs propres espaces immersifs dans lesquels les visiteurs évoluent dans un monde numérique, en apprennent davantage sur l’entreprise, essaient des articles et achètent des produits numériques.
Nos collègues américains ont constaté que les entreprises avant-gardistes fixent des objectifs précis et mesurables pour leurs projets dans le métavers, notamment la notoriété de la marque et l’engagement des clients. Ils testent et suivent par ailleurs la performance de leurs projets. Nous pensons cependant que le succès du métavers repose sur un facteur bien plus important que la fonctionnalité : la confiance.
Il y a place pour la croissance des achats sur appareil mobile au Canada
Le métavers et les autres canaux numériques, combinés aux investissements dans l’analytique des données, permettent aux entreprises de collecter des données pour mieux connaître les comportements de leurs clients. Elles peuvent ensuite utiliser ces données pour faire de meilleures prévisions et personnaliser leur offre. Mais tout cela doit être fait de façon éthique et sécuritaire.
Un quart des consommateurs canadiens affirment être très préoccupés par la protection de leurs renseignements personnels lorsqu’ils interagissent avec des détaillants et des entreprises de biens de consommation. Le secteur est donc dans une position enviable par rapport aux médias sociaux, qui suscitent la méfiance chez 43 % des répondants. Le fait que les consommateurs voient souvent un avantage à fournir des données aux détaillants en échange de bons d’achats, d’escomptes ou d’offres spéciales est une des raisons possibles à cet écart.
Mais un seul incident médiatisé suffit à miner la confiance. Et les consommateurs agissent déjà. Plus de la moitié (51 %) de ceux qui se préoccupent de la confidentialité de leurs données n’indiquent que les renseignements requis et rien de plus. 34 % refusent les courriels et les messages textes. Moins nombreux (19 %) sont ceux qui affirment qu’ils limiteront leurs achats auprès d’une entreprise s’ils ne sont pas sûrs que leurs renseignements sont protégés, ce qui pourrait être plus grave.
Les entreprises qui ont une approche intégrée de la protection des données comprennent mieux les souhaits, besoins et comportements de leurs clients, tout en préservant la confidentialité. Un programme formel de cueillette, protection, gouvernance et suppression des données permet de manier l’information de façon sécuritaire — et de l’exploiter — tout en respectant la réglementation et en protégeant la réputation de la marque.
Nous avons pu constater que les entreprises qui combinent un traitement sécuritaire des données avec des programmes de fidélité obtiennent d’excellents résultats. C’est en effet un moyen efficace de personnaliser l’offre en toute transparence et d’éviter la méfiance des consommateurs et les risques de non-conformité. Ce modèle mutuellement bénéfique permet aux détaillants et aux entreprises de biens de consommation d’obtenir une information privilégiée et d’entretenir des relations plus solides avec les clients les plus importants.
Les détaillants et les entreprises de produits de consommation peuvent réduire leurs coûts et réagir à l’évolution des habitudes de consommation en investissant dans des technologies bien ciblées. Mais il faut aller plus loin qu’une simple amélioration des processus ou que les offres numériques isolées.
Il faut commencer par une vision claire de l’expérience souhaitée pour les clients et les employés et bien comprendre ensuite quelles sont les bonnes solutions technologiques et comment les implanter. Cela vous aidera à faire de cette vision une réalité. Cette approche pensée par l’humain et propulsée par la technologie permet de répondre aux besoins des consommateurs et de gagner leur confiance et leur loyauté.
1. Ventes de commerce de détail par industrie, Statistique Canada, 21 février 2023
Leader nationale, associée, Commerce de détail et consommation, PwC Canada
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