Tout en suivant de près les conséquences de la deuxième vague de la pandémie de COVID-19 sur l’économie canadienne, nous sommes restés en contact avec plusieurs dirigeants du secteur des services financiers pour connaître leurs priorités en cette période d’incertitude. Ceux avec qui nous nous sommes entretenus s’inquiètent des répercussions sur leurs clients, d’autant plus qu’ils se préparent à affronter des effets du second ordre au cours des prochaines années, comme l’augmentation de la dette, les défauts de remboursement et les risques de crédit plus élevés.
Parallèlement au travail accompli pour faire face à la tempête actuelle, il est important aussi d’accélérer le déploiement des capacités et la transition vers de nouveaux modèles d’exploitation afin d’affronter les problèmes causés par la pandémie de COVID-19.
Les faibles taux d’intérêt continueront à avoir des effets dévastateurs sur les marges et les modèles d’affaires.
La récession et la dépréciation des actifs entraînées par la pandémie réduiront la capacité des secteurs d’activité réglementés à supporter les risques pour soutenir l’économie réelle tandis qu’elle entrera dans la phase de reprise.
D’autres types de bailleurs de fonds devraient occuper une place encore plus prépondérante dans le système financier international.
La pandémie de COVID-19 ne retardera pas – et pourrait même accélérer – la mise en œuvre des mesures réglementaires actuelles et planifiées.
Avec la démondialisation, il est possible que la taille des institutions financières continue à s’aligner sur le PIB de leur pays d’origine, tandis que la délocalisation déjà entreprise augmentera les risques opérationnels dans le secteur financier.
Les entreprises ressentent beaucoup de pression pour accroître leur productivité au moyen de la numérisation de leurs activités et de leurs effectifs.
La transition, suscitée par les clients, qui pousse le secteur des services financiers à s’appuyer sur une plateforme et un écosystème se traduira par une nouvelle vague de perturbations et de désintermédiation.
Nous avons établi un cadre à quatre volets dont vous pouvez tenir compte pour réagir aux conséquences de ces tendances et vous préparer pour l’avenir :
les répercussions économiques de la pandémie ne font que commencer. Les institutions financières vont devoir répertorier leurs risques potentiels et établir un plan visant à réparer les dommages immédiats et à se préparer aux défis futurs. Au Canada, les sujets qui méritent une attention immédiate sont les risques de crédit et les provisions pour pertes sur prêts. Les provisions des banques ont augmenté de plus de 70 % en moyenne pendant la pandémie, tandis que les expositions présentant une augmentation significative du risque de crédit ont augmenté de 82 %, ce qui laisse supposer de futurs défauts de paiement.
Au Canada, font particulièrement attention à des émergentes comme la transformation des prêts commerciaux. Étant donné que presque la moitié des institutions financières sur le marché canadien accordent des prêts en se fondant sur des courriels et des feuilles de calcul, il leur est difficile d’analyser les portefeuilles de façon adéquate et de détecter les signes de faiblesse chez les clients. D’autre part, on a constaté que le fait de repenser la transformation du processus de prêts commerciaux permet de réduire le cycle de prêt de 25% à 33% en moyenne. Nous voyons également les banques commerciales repenser leur vision des risques inhérents à leurs portefeuilles de prêts. Le marché explore les moyens d'étendre la modélisation prospective basée sur la simulation de marché pour compléter les techniques de modélisation basées sur les « performances financières passées prouvées ».
Beaucoup d’entre vous commencent à évaluer les leçons tirées de la pandémie et à réinventer leur modèle opérationnel. Cela comprend des scénarios de télétravail à long terme et une attention accrue portée à l’efficacité et à la productivité, ainsi qu’à la résilience. Par exemple, certains envisagent de transformer les modèles opérationnels de leurs fonctions de risque et de conformité, ou lignes de défense, afin d’optimiser les processus, explorer des modèles de dotation plus rentables et adopter la numérisation et l’automatisation dans le but d’améliorer l’efficacité tout en réduisant les coûts.
Certains réagissent en lançant de nouveaux programmes de perfectionnement numérique qui peuvent s’adresser au personnel administratif n’ayant pas de contacts avec les clients tout comme au chef de la direction et à ses subordonnés directs. Dans tous les cas, il est important pour une entreprise ayant décidé d’investir dans un programme de perfectionnement d’avoir le soutien de la direction et d’aligner la formation sur les résultats d’affaires prévus.
Par ailleurs, vous devriez peut-être penser à réévaluer vos partenariats, y compris avec les entreprises de technologie financière (Fintech), et à vous intéresser davantage à des concepts tels que les services bancaires ouverts et l’évolution possible de l’écosystème des services financiers pendant les prochaines années. Au cours des derniers mois, nous avons entendu parler de la possibilité d’établir une norme sur l’échange sécurisé des données financières. Financial Data Exchange (FDX), organisme sans but lucratif qui se consacre à cet enjeu, est entré sur le marché canadien à la fin juillet et plus de 30 institutions financières s’y sont jointes pour élaborer une norme commune relative au partage sécurisé des données financières orienté vers les consommateurs. Ce sont des signes positifs indiquant la volonté du secteur de contribuer à définir ce que seront les services bancaires ouverts au Canada.
Étant donné que les parties prenantes exigent plus de transparence et de responsabilisation de votre part, vous allez devoir accorder plus d’importance à la production de rapports exacts et complets sur votre information financière. De plus, la transparence sur votre position relative à des sujets cruciaux tels que les changements climatiques, la diversité et l’inclusion ainsi que l’engagement social vous permettra de ne pas craindre une surveillance accrue et d’influencer favorablement les décisions d’investissement. Vous devrez aussi mettre l’accent sur ce qui sera peut-être la qualité la plus importante de toute institution financière appelée à réussir dans l’avenir : être capable de décrire votre culture unique, de justifier votre utilité, de raconter votre histoire et d’expliquer votre valeur pour la société.
Vous pouvez en lire plus sur les tendances macroéconomiques et sur notre cadre dans L’avenir de la fonction Finances : le futur c’est maintenant (Disponible en Anglais seulement).