Les services de police du monde entier sont en pleine transformation. L’évolution du tissu social, de la criminalité et de la technologie est telle que partout dans le monde, les services de police doivent revoir leur stratégie à long terme et leur façon de quantifier leurs résultats, et ce, souvent en dépit de mesures d’austérité qui limitent leur budget.
Les services de police doivent s’adapter aux nouvelles attentes de la population en procédant à la transformation de tous les aspects de leur mission. Les crimes avec lesquels les services de police doivent composer ont évolué, de même que leur façon de les aborder. L’amélioration des services et l’accélération de la vitesse à laquelle ils doivent être fournis reposent en grande partie sur la technologie. Nous avons tenu une série d’entretiens avec des chefs de police canadiens pour recueillir leurs meilleures pratiques et leurs commentaires sur les difficultés que représente l’évolution de la criminalité, de la société et de la technologie.
La mission première de la police est de veiller à la sécurité de la population. Cependant, la façon dont les services policiers exercent leurs activités et la confiance qu'ils inspirent prennent graduellement autant d’importance que les résultats tangibles qu'ils obtiennent.
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De nos jours, le maintien de l’ordre ne se limite plus à la répression du « crime ordinaire ». Les enjeux sociopolitiques, les nouvelles technologies et les changements démographiques ont modifié la donne, et les anciennes méthodes de la police ne suffisent plus à lutter contre une criminalité qui ne cesse de changer de visage.
Pour rester à jour dans un milieu toujours différent, les services de police doivent adapter leur façon de faire en surveillant les grandes tendances et l’orientation des attentes de la population. Dans ce contexte, l’innovation, la collaboration multidisciplinaire, le virage numérique et la mutation de l’effectif prennent une importance capitale.
Les services de police ne peuvent plus se cantonner dans la seule prévention des actes criminels. Les manifestations publiques, les troubles de santé mentale, les dépendances et l’itinérance forcent les services de police à modifier leur mode d’action auprès des citoyens. Or la collaboration avec des partenaires publics ou privés et des institutions d’enseignement est sans doute l’élément le plus important de cette stratégie.
On demande à la police de prendre les devants et de multiplier les échanges avec d’autres services communautaires pour traiter certains phénomènes sociaux. Par exemple, les policiers travaillent de concert avec les professionnels de la santé mentale pour repérer les personnes les plus susceptibles de connaître des périodes de crise pour que les intervenants de première ligne ne soient pas sans cesse appelés.
« Notre objectif est de collaborer avec ces différentes instances, chercher avec elles des solutions pour seconder le système de santé, la police et la population et remplir notre devoir de sécurité publique. »
—Adam Palmer, chef du service de police de Vancouver
« Ce que nous essayons de faire, c’est de collaborer davantage, de nouer des liens avec d’autres organismes – privés, publics ou sans but lucratif – pour que nos interventions soient mieux coordonnées. »
—Paul Martin, chef de la police de la municipalité régionale de Durham
« Les différents services sociaux doivent communiquer entre eux. La notion même de collaboration consiste à évaluer l’ensemble de la situation au lieu de se contenter de dépêcher un agent sur place. »
—James Ramer, chef adjoint du service de police de Toronto
Pour que les services de police puissent continuer leur transformation, il faut que les policiers et les policières possèdent les connaissances et les compétences nécessaires au nouveau rôle qui leur revient. S’il est vrai que la technologie, les données et la collaboration sont au cœur de cette transformation, aucun changement ne saurait réussir sans un effectif motivé, informé et convaincu.
En consultant les membres du corps de police sur les compétences dont ils auront besoin pour s’acquitter de leurs nouvelles attributions, on favorisera leur intégration au processus décisionnel tout en définissant convenablement les attentes.
« Pour motiver le personnel, rien de tel que de lui donner du pouvoir, de l’inviter à s’engager et d’écouter ce qu’il a à dire. Il faut que les policiers s’investissent. S’ils sont exclus des décisions, ils risquent de ne pas comprendre ce qu’on attend d’eux. »
—James Ramer, chef adjoint du service de police de Toronto
« Organiser des groupes de discussion et des sondages, utiliser les médias sociaux, voilà ce qu’il faut faire pour maintenir le contact avec nos équipes, les tenir informées et surtout, leur donner la possibilité de participer pleinement à la mutation. »
—Charles Bordeleau, chef du service de police d’Ottawa
La transformation des forces de l’ordre s’organise autour de la technologie, pas seulement des projets informatiques, mais aussi des nouvelles technologies et de leurs répercussions sur les ressources humaines et matérielles, les budgets et les contacts avec les citoyens. Nombreux sont les services de police dont les tâches quotidiennes ne sont toujours pas informatisées : prise de notes, établissement des horaires, tâches administratives. Les chefs de police savent qu’il est essentiel d’automatiser certaines de ces tâches pour mieux employer le temps et les ressources.
Si les policiers sont plus alertes sur le plan technologique, s’ils savent que le monde de demain sera numérique, ils pourront mieux mettre la technologie à profit, non seulement pour accroître leur productivité, mais aussi pour rejoindre plus rapidement la population. Les citoyens, par exemple, peuvent maintenant signaler des infractions plus facilement à l’aide de leur appareil mobile.
« On exploite mieux le renseignement. On se sert de la technologie. On sait que le monde se transforme à cause de nouveaux facteurs comme la cybercriminalité, et que le maintien de l’ordre se transforme lui aussi. »
—Rod Knecht, chef du service de police d’Edmonton
Dans les enquêtes policières, les données recèlent une valeur inestimable. La police prédictive, par exemple, consiste à utiliser des données et une approche analytique pour repérer l’activité criminelle et la victimisation répétée, aider les enquêteurs à élucider les crimes et accélérer la prise de décisions, en somme, mieux protéger la population.
On attend des services de police qu’ils transmettent l’information à leur personnel en temps réel ou presque. Au service de police de Toronto, le programme « agents branchés » se sert de la technologie pour permettre aux policiers sur le terrain d’accéder à l’information et aux données d’une enquête. Où qu’ils soient, les agents peuvent ainsi prendre sur-le-champ des décisions plus éclairées. Ils peuvent donc passer plus de temps sur le terrain et renouer les liens avec la collectivité.
Mais choisir la bonne plateforme de gestion de l’information n’est pas chose aisée. L’adoption précipitée d’une solution au hasard, sans plan bien défini, pourrait se solder par le simple gaspillage de temps et d’argent.
« Il faut que nous soyons en mesure d’utiliser les données, les métadonnées et l’analytique pour déployer nos ressources de manière encore plus stratégique. C’est plus ou moins ce que tout le monde s’efforce de faire. »
—James Ramer, chef adjoint du service de police de Toronto
« Les nouvelles technologies se résument à ceci : les personnes adéquates, les processus adaptés, les technologies appropriées. Il faut des équipes pluridisciplinaires, qui rassemblent des agents de la paix et des experts en analytique et en TI. Il faut savoir exploiter les systèmes pour en tirer le maximum. »
—Adam Palmer, chef du service de police de Vancouver
Dans un monde de plus en plus numérique, il est essentiel d’inciter les services de police à sortir des sentiers battus et les y habiliter grâce à la formation, au perfectionnement et à la cocréation.
Il ne fait aucun doute que les nouvelles technologies et l’innovation continueront d’influer sur le travail de la police. En revanche, le contact direct entre le policier et le citoyen est difficilement remplaçable, surtout quand il s’agit de faire régner la paix. Les nouvelles technologies sont un complément au travail de la police et ne sauraient le remplacer.
C’est pourquoi les services de police devraient également exploiter la technologie et l’innovation pour améliorer les communications. La technologie peut jouer un rôle dans l’amélioration des relations entre la police et la population; les appareils mobiles et les communications en ligne, par exemple, peuvent faciliter le signalement d’une entrée par effraction ou d’un autre délit.
Mais si la technologie peut favoriser la transformation des services de police, malheureusement elle peut aussi rendre service aux malfaiteurs, puisque de nos jours, divers actes criminels bien concrets prennent naissance dans le monde virtuel. Les projets informatiques ne seront d’aucune utilité s’ils sont entrepris sans un objectif bien précis. Les chefs de police doivent saisir la différence entre une nouveauté attirante et une nouveauté porteuse d’avantages à long terme.
« Une belle invention à la mode dont tout le monde parle n’est pas nécessairement une bonne acquisition pour le service. Il faut trouver des solutions qui répondent à nos besoins ou participer à leur mise au point. »
—Paul Martin, chef de la police de la municipalité régionale de Durham
« D’après moi, le maintien de l’ordre a terriblement évolué. Pour ne rien manquer du virage technologique, nous avons conclu des partenariats avec différents organismes des secteurs public et privé dont les bienfaits se manifestent déjà. »
—Charles Bordeleau, chef du service de police d’Ottawa
Pour rester au fait des changements incessants et être prêts à relever de nouveaux défis, les services de police doivent en premier lieu établir un lien de confiance avec la population et agir avec transparence. La confiance des citoyens est en effet essentielle à leur mission. Sans elle, ils ne sauraient s’acquitter de leurs fonctions de manière satisfaisante et encore moins opérer une mutation de grande envergure.
« Devant l’évolution de la société, la législation n’arrive plus à suivre. Elle est dépassée par la technologie, les avancées d’Internet, la cybercriminalité. »
—Rod Knecht, chef du service de police d’Edmonton
Pour gagner la confiance du public, il est essentiel que les services de police ouvrent des voies de communication et les préservent. Les relations entre la police et la collectivité favorisent le travail d’équipe et la collaboration. L’objectif doit être d’informer la collectivité et de conserver son appui grâce à une communication claire et constante. C’est ce qui se produit lorsque la police est à l’écoute du citoyen. La police n’impose plus aux citoyens sa vision des choses; au contraire, ce sont les citoyens qui expliquent à la police ce qu’ils attendent d’elle.
Les services de police canadiens ouvrent de plus en plus de voies de communication comme les séances du conseil de ville ou les consultations populaires. Les citoyens peuvent aussi s’exprimer par les médias sociaux, qui permettent des échanges plus diversifiés et plus dynamiques en temps réel.
La collaboration avec les quartiers permet l’éclosion de projets communs dans la confiance, ce qui prend toute son importance dans un monde littéralement dominé par les médias.
« Il suffit parfois des gestes les plus simples. Il faut montrer aux gens que la police veille sur eux, qu’elle a leur sécurité à cœur, et leur expliquer ce qu’on fait et pourquoi on le fait. »
—Adam Palmer, chef du service de police de Vancouver
« Ce n’est pas à nous de dire aux gens ce qu’ils peuvent attendre de la police. C’est à eux de nous dire ce qu’ils attendent de nous. »
—Rod Knecht, chef du service de police d’Edmonton
La diversité est un facteur prépondérant de l’amélioration des services de police. Pour renforcer la légitimité de la police, il faut changer les attitudes et faire en sorte que la diversité au sein de la police soit le reflet de celle de la population. Il est possible de tirer un enseignement de la collaboration avec d’autres groupes culturels, par exemple, la Police des Premières Nations; la police en retire des perspectives différentes qu’elle peut ensuite appliquer dans son propre milieu dans le but ultime de boucler des enquêtes et de prévenir le crime.
Ces efforts d’inclusion et de diversité répondent à l’évolution de l’expérience des citoyens dans leurs échanges avec la police, de leurs attentes et de leurs perceptions. La diversité englobe les différences de genre, de culture et de religion. Les services de police devraient toujours être le miroir de la population qu'ils protègent.
« Nous recherchons constamment des candidats qui reflètent la collectivité. Nous voulons dans nos rangs des personnes qui parlent plusieurs langues et comprennent différentes cultures. C’est ce qui nous permet de préserver la confiance et de mener à bien nos enquêtes. »
—Charles Bordeleau, chef du service de police d’Ottawa
« C’est grâce à la diversité de genre, de contexte culturel ou de passé historique que nous rassemblons des points de vue différents et améliorons les communications avec diverses communautés sur le plan humain. »
—Paul Martin, chef de la police de la municipalité régionale de Durham
« Gagner la confiance du public demande des efforts constants en matière de partenariats inclusifs et de respect mutuel. Nous devons reconnaître et apprécier la contribution de chacune des communautés qui composent la population. »
—Rod Knecht, chef du service de police d’Edmonton
Charles Bordeleau, chef du service de police d’Ottawa
Rod Knecht, chef du service de police d’Edmonton
Paul Martin, chef de la police de la municipalité régionale de Durham
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James Ramer, chef adjoint du service de police de Toronto
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