
La prochaine décennie s’annonce plus complexe et moins linéaire pour les secteurs de l’électricité, de l’énergie et des services publics, qui iront vers plus de convergence. Les frontières s’effaceront entre les entreprises traditionnelles, les acteurs émergents et les secteurs adjacents, comme le transport et la fabrication. Par ailleurs, les progrès technologiques et les évolutions politiques et géopolitiques resteront un courant sous-jacent qui continuera de forger l’avenir. Cette conjoncture offre aux entreprises une opportunité sans précédent : celle non seulement de prendre en main leur évolution vers des énergies plus propres, mais aussi d’aider leurs clients, les collectivités et la société à aller dans le même sens.
Les leaders du secteur doivent déterminer la place que leur entreprise doit prendre dans ce nouvel écosystème, leur plan pour y parvenir et les moyens d’inciter leurs parties prenantes à y participer. Le secteur a la possibilité d’écrire l’histoire de sa propre transition énergétique au lieu de laisser d’autres en décider. Voici comment.
Après s’être engagées à parvenir au net-zéro et à accélérer leur progrès vers la conformité aux critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG), de nombreuses sociétés du secteur de l’énergie et des services publics commencent à définir leur position dans l’immédiat et pendant la transition. Même celles qui pensaient n’avoir qu’un moment difficile à traverser découvrent aujourd’hui l’opportunité qui se présente à elles : celle de se réinventer et de changer fondamentalement leur mode de fonctionnement, en conservant les éléments qui ont bien servi le secteur pendant sa longue histoire et en mettant de côté ceux qui ne conviendront plus dans l’écosystème de l’avenir.
Le secteur est en fait l’un des mieux placés pour entreprendre ce virage. Après tout, cela fait plus de 100 ans qu’il répond aux besoins croissants et changeants de la société en fournissant une énergie fiable, abordable et sécuritaire. Aujourd’hui, les entreprises ont plusieurs atouts, notamment leurs compétences en ingénierie, en infrastructure et en sciences et leur connaissance des marchés de l’énergie, pour ne nommer que ceux-là. Elles savent également se rassembler pour relever les défis – soit dans un effort massif pour rétablir l’électricité après une tempête, soit en créant des technologies capables de capter le carbone ou encore de trouver de nouvelles sources aux tréfonds de la terre. Certes, ce qui se prépare est le défi des défis. Y répondre ne sera pas tâche facile, mais elles sauront y faire face avec une stratégie centrée sur la décarbonation et soutenue par les capacités et les technologies adéquates, le bon modèle d’affaires et la bonne culture.
Pour mieux prendre en main sa transition énergétique, le secteur doit tout d’abord trouver le moyen de concilier ses ambitions pour l’avenir avec ses obligations actuelles, très réelles. De nombreuses entreprises cherchent la bonne voie pour trouver des réponses à des questions qui semblent parfois contradictoires. Voici certaines de ces questions, parmi de nombreuses autres.
Répondre à la demande croissante de sources carboneutres alors que la majeure partie de l’énergie provient encore des hydrocarbures?
Palier à l’intermittence des énergies renouvelables pour assurer une alimentation fiable?
Innover sans compromettre la fiabilité ou la sécurité?
Investir dans les nouvelles technologies sans hausser les prix à la consommation?
Assurer la rentabilité à court terme exigée par les marchés de capitaux tout en créant de la valeur à long terme?
Recycler le capital ou trouver de nouveaux usages pour des actifs comptabilisés et éviter les actifs échoués?
Protéger les infrastructures essentielles contre les cyberrisques et autres menaces tout en introduisant de nouvelles technologies et connexions sur les réseaux?
Gérer la dynamique géopolitique et les risques pour concilier le désir d’indépendance énergétique et l’interdépendance entre pays?
Recruter et retenir les personnes possédant les compétences nécessaires pour l’avenir dans un marché de l’emploi plus tendu que jamais?
Maîtriser les coûts en période d’inflation record et d’incertitude dans la chaîne d’approvisionnement?
La réponse à ces questions dépend certes de facteurs externes comme le soutien politique et réglementaire et la collaboration intersectorielle. Au sein des entreprises cependant, il sera plus important que jamais de prioriser, d’identifier et d’activer les éléments les plus efficaces pour la création de valeur. Il ne s’agit pas de tout faire à tout prix. Il s’agit de faire ce qu’il faut pour les bonnes raisons et de ne jamais dévier de cette stratégie afin de rester pertinent dans la nouvelle économie.
Les innovateurs stratégiques seront les leaders de la transition énergétique. Ce sont ceux qui réussiront à reconfigurer leur portefeuille, leurs produits et leur modèle d’affaires, soit en redoublant d’effort pour parvenir à une réelle intégration, soit en trouvant des créneaux attractifs selon leurs capacités distinctives. Ces créneaux peuvent prendre différentes formes.
Des écosystèmes énergétiques connectés qui relieront des technologies et des actifs différents.
Des chaînes de valeurs concentrées sur des domaines de compétence très pointus.
Un service qui facilitera les échanges d’énergie et de données énergétiques entre plusieurs secteurs dont l’approvisionnement/le commerce, la vérification de la compensation carbone et les crédits renouvelables.
De nouveaux services ou solutions qui amélioreront la consommation d’énergie grâce à un approvisionnement par impartition basé sur les besoins de l’entreprise.
Les innovateurs stratégiques devront déterminer ce qu’ils veulent être, et faire de cette vision un objectif opérationnel impératif pour l’ensemble de l’entreprise. Ils devront choisir entre diverses options stratégiques comme la constitution ou l’acquisition d’un portefeuille, ou au contraire le désinvestissement et de nouveaux partenariats. Mais ils ne réussiront que s’ils font évoluer leur modèle d’exploitation actuel en fonction de l’objectif souhaité, passant des investissements progressifs à mesure des besoins, à un investissement dans une vision.
Atteindre l’ampleur et la rapidité de mouvement nécessaires à la transition énergétique exige de l’adaptabilité pour analyser les défis actuels et y répondre, et de l’agilité pour agir rapidement et de façon décisive. Le secteur reconnaît dans une large mesure l’importance de ces qualités pour son succès futur. Dans le dernier sondage Pulse de PwC sur le point de vue des dirigeants sur les affaires en 2022, les leaders du secteur de l’énergie et des services publics ont déclaré qu’une plus grande agilité était l’un des facteurs les plus importants pour la croissance future dans une conjoncture instable.
L’adaptabilité et l’agilité sont essentielles dans toutes les fonctions, de celles des équipes qui pilotent les nouvelles technologies et testent les nouvelles pratiques à celles des services de fiscalité qui doivent analyser les incitatifs locaux, provinciaux et fédéraux pour créer une plus grande valeur. Les dirigeants doivent sans cesse mettre en priorité les mesures qui apporteront le plus de valeur à l’ensemble de l’entreprise, surtout les suivantes :
Dans ce contexte où l’intérêt pour les énergies propres et les investissements vont croissants, le secteur de l’énergie et des services publics jouit d’une opportunité sans précédent. Cependant, celle-ci est accompagnée d’un sentiment d’urgence, du besoin d’agir rapidement pour assurer que la stratégie, les capacités, la technologie et les gens sont fin prêts et vont dans la même direction pour réaliser les promesses de demain. En termes très simples, l’avenir du secteur peut se résumer aux trois mesures suivantes :