Andrew Popliger, Associé et leader national, technologie
La fintech et la disruption sont les deux faces d’une même médaille. En déployant des technologies nouvelles et novatrices dans le secteur financier, la fintech change la façon dont les institutions financières échangent et interagissent avec leurs clients.
Le Canada représente une opportunité intéressante pour le secteur de la fintech. Contrairement à d’autres marchés dans le monde, les consommateurs canadiens font confiance aux grandes banques canadiennes et à leurs décennies d’expérience. Étant donné cette dynamique, les sociétés de fintech explorent des possibilités de collaborer avec ces institutions (accédant ainsi à des relations établies avec leur clientèle) tout en leur livrant concurrence.
La plus récente carte du marché canadien de la fintech publiée par PwC et CB Insights met en évidence l’évolution du secteur. Cette carte illustre la croissance notable qu’a connu le financement de la fintech au Canada, le total des investissements ayant presque doublé depuis 2018. Elle montre aussi que les entreprises locales ne ménagent aucun effort pour suivre le rythme des taux mondiaux d’adoption et d’innovation.
Bien que le marché canadien présente encore de nombreuses possibilités de croissance, les sociétés canadiennes de technologie financière continuent de rencontrer des défis pour concevoir et vendre de nouveaux produits. Pour que notre écosystème ne soit plus un simple joueur dans le domaine de la fintech, mais en devienne un chef de file mondial, il faut jeter un regard critique sur ce qui fonctionne et ce qui doit changer. Examinons donc quelques tendances observables dans le marché canadien de la technologie financière.
De nos jours, les institutions financières centrent leur attention sur l’expérience utilisateur. Les clients ont des attentes élevées et les fintechs les plus novatrices sont souvent mieux outillées que les institutions offrant des services traditionnels pour satisfaire, voire dépasser ces attentes. Pour commencer, les fintechs sont agiles. Elles innovent constamment et peaufinent les stratégies éprouvées en fonction des demandes des consommateurs et ne sont pas limitées par l’infrastructure en place comme le sont les banques. Elles se concentrent fermement sur l’expérience client et priorisent la conception d’interfaces utilisateur conviviales. En dernier lieu, les fintechs fonctionnent dans un écosystème numérique extensible qui mise sur les technologies et les données disponibles pour simplifier le déploiement de leurs solutions.
Par ailleurs, les fintechs peuvent bénéficier énormément de leur collaboration avec les institutions financières bien établies au Canada en profitant des liens de confiance qu’elles ont tissés avec leurs clients au fil des générations. Elles ont ainsi la possibilité de déployer des produits numériques sans avoir à constituer une clientèle.
Les organismes de réglementation canadiens en sont toujours à évaluer la viabilité d’un système bancaire ouvert, ce qui complique les efforts des fintechs pour accéder aux données des utilisateurs dont elles ont grandement besoin. Ce sont justement les banques canadiennes qui détiennent ces données, ce qui rehausse leur attrait comme partenaires pour les fintechs cherchant à lancer leurs produits. On observe déjà ce phénomène : songez seulement à la collaboration de Borrowell avec la CIBC ou celle de TouchBistro avec JP Morgan.
Des avancées importantes ont été observées au cours de la dernière année dans des segments particuliers de la fintech, dont les technologies d’assurance, de prêt et de placement. Nous surveillons tout particulièrement la proptech, où la collaboration entre le secteur immobilier et les promoteurs de nouvelles technologies financières transforme la façon d’acheter et de vendre des propriétés. Des entreprises comme Zoocasa, Properly, Casalova et Rentmoola utilisent la fintech pour transformer le marché.
La fintech connaît aussi un essor en gestion de patrimoine. Comme l’indique notre rapport mondial sur la fintech, la wealthtech est un domaine d’investissement qui renferme des opportunités. Le financement commence maintenant à affluer et Cacheflow, d1g1t et Nest Wealth sont des exemples de réussite à ce chapitre.
Finalement, la fintech convient particulièrement aux solutions de prêt et de paiement, qui ont fait l’objet des investissements parmi les plus importants l’an dernier. TouchBistro, FundThrough et Lendified en sont des exemples.
Le rythme auquel les solutions de fintech sont adoptées et déployées au Canada correspond à celui qu’on observe ailleurs dans le monde. Malgré cela, les entreprises canadiennes qui cherchent à positionner leurs produits sur le marché continuent de rencontrer des difficultés.
Tout d’abord, les fintechs doivent composer avec le cycle de vente plus lent qui caractérise les grandes institutions financières. Par conséquent, les entreprises technologiques qui cherchent à pénétrer ce marché doivent être dans une position de départ beaucoup plus solide que dans d’autres secteurs. Des équipes de développement plus grandes sont nécessaires pour les projets les plus ambitieux, ce qui appelle des investissements plus importants. Mais les institutions financières ne manquent ni de moyens ni de motivation pour assurer le succès de ces projets. Les partenariats qu’elles établissent avec les fintechs sont généralement solides et pourraient s’inscrire dans le long terme.
Les entrepreneurs peuvent mieux se positionner auprès des partenaires et des investisseurs potentiels en ayant avec eux des discussions exploratoires tôt, avant même que le produit soit prêt. De cette façon, les investisseurs potentiels auront la possibilité de donner leur avis sur la technologie en cours de développement et d’aider à concevoir un produit qu’ils auraient envie d’acquérir.
La carte du marché canadien de la fintech nous aide à comprendre l’état actuel de cet écosystème en plein essor qui se trouve à la croisée des chemins entre plusieurs secteurs. Elle met aussi en évidence les opportunités de le faire progresser encore davantage. Le marché de la fintech est en pleine évolution et franchement emballant. Nous avons hâte de voir les nouveautés qu’il nous réserve.
Êtes-vous curieux de découvrir les entreprises canadiennes en tête de peloton du secteur de la fintech? Consultez la carte du marché canadien de la fintech.