03 novembre, 2022
Numéro 2022-28F
Le 3 novembre 2022, la vice-première ministre et ministre fédérale des Finances, Chrystia Freeland, a présenté l’Énoncé économique de l’automne 2022 (l’énoncé économique). L’énoncé économique ne modifie pas les taux d’imposition des sociétés ou des particuliers, mais :
Le ministère des Finances a également :
Le présent bulletin Point de vue fiscal traite de ces mesures et d’autres initiatives fiscales proposées dans l’énoncé économique.
L’énoncé économique instaure un crédit d’impôt à l’investissement pour les technologies propres remboursable. Le crédit d’impôt sera égal à 30 % du coût en capital du nouveau matériel admissible qui est acquis et devient disponible aux fins d’utilisation à compter de la date de dépôt du budget fédéral 2023 ou par la suite. Les demandeurs qui satisfont à certaines conditions de travail (à déterminer par le ministère des Finances après consultation des intervenants) pourront demander le plein taux du crédit d’impôt; autrement, un crédit d’impôt de 20 % s’appliquerait. Le crédit d’impôt sera éliminé progressivement, à compter de 2032, comme le montre le tableau suivant.
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Taux |
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Nouveau bien admissible qui devient disponible aux fins d’utilisation |
À compter de la date de dépôt du budget 2023 |
30 % |
en 2032 |
20 % |
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en 2033 |
10 % |
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en 2034 |
5 % |
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après 2034 |
0 % |
L’énoncé économique confirme l’intention du gouvernement (annoncée dans le budget fédéral 2022) d’établir un crédit d’impôt à l’investissement pour la production d’hydrogène propre. Le crédit d’impôt à l’investissement sera remboursable et pourra s’appliquer aux investissements admissibles réalisés en date du dépôt du budget fédéral 2023. Il sera éliminé progressivement après 2030. Certaines conditions de travail se rattacheront à ce crédit. Les demandeurs devront satisfaire à ces conditions pour être admissibles au taux maximum de 40 %; autrement, ils ne pourront demander le crédit qu’au taux de 30 %. Le ministère des Finances lancera une consultation sur la mise en œuvre de ce crédit d’impôt.
L’énoncé économique propose d’instaurer une taxe sur les sociétés de 2 %, qui s’appliquerait à la valeur nette de tous les types de rachats d’actions par des sociétés publiques au Canada; cette mesure s’apparente à une mesure adoptée récemment aux États-Unis. Les détails de cette nouvelle taxe seront annoncés dans le budget fédéral 2023, et la taxe entrerait en vigueur le 1er janvier 2024.
Le ministère des Finances a publié d’importantes révisions au projet de loi RDEIF, en se fondant sur les commentaires qu’il a reçus pendant la première période de consultation tenue le printemps dernier. Les règles de RDEIF proposées limiteront le montant des dépenses nettes d’intérêts et de financement que certains contribuables peuvent déduire dans le calcul de leur revenu imposable, en fonction d’un pourcentage fixe de bénéfice avant intérêts, impôts et dotations aux amortissements. Il est à présent proposé que les règles s’appliquent aux années d’imposition commençant après le 30 septembre 2023 (auparavant, aux années d’imposition commençant après 2022). Le ministère des Finances invite les parties intéressées à lui transmettre leurs commentaires sur le projet de loi révisé au plus tard le 6 janvier 2023. Pour comprendre le contexte des règles de RDEIF proposées, consultez notre bulletin Point de vue fiscal, « Régime de restriction des dépenses excessives d’intérêts et de financement ».
Le Canada a l’intention de mettre en œuvre les règles types de déclaration de revenus par les exploitants de plateformes numériques élaborées par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Le ministère des Finances a publié, aux fins de consultation publique, des propositions législatives qui intégreraient les règles types de l’OCDE dans la Loi de l’impôt sur le revenu du Canada. Les parties intéressées sont invitées à faire part de leurs commentaires d’ici le 6 janvier 2023.
Le Cadre inclusif sur l’érosion de la base d’imposition et le transfert de bénéfices de l’OCDE et du G20 a élaboré un plan à deux piliers pour réformer le système fiscal international, dans le cadre de l’initiative « BEPS 2.0 ». En octobre 2021, le Canada et d’autres membres du Cadre inclusif se sont engagés à adopter ce plan (pour une analyse de cet engagement, consultez notre bulletin Point de vue fiscal, « Le nouveau cadre fiscal international et la taxe sur les services numériques du Canada »). L’énoncé économique fait le point sur la mise en œuvre proposée des deux piliers par le Canada.
Le Pilier Un prévoit la mise en place de nouvelles règles d’affectation des droits d’imposition entre pays qui s’appliqueront de façon générale aux entreprises multinationales (EMN) dont le revenu excède 20 milliards d’euros (ce seuil devrait passer à 10 milliards d’euros après sept ans) et les marges bénéficiaires dépassent 10 %. Le droit d’imposer une partie des bénéfices de ces EMN sera réaffecté aux pays receveurs (c’est-à-dire les pays où se trouvent les utilisateurs et les clients de l’EMN).
Cet énoncé économique indique que l’établissement des règles techniques du nouveau régime a bien progressé et que l’OCDE continue de mener des consultations publiques. Le Cadre inclusif a pour objectif d’achever les négociations multilatérales afin que le traité pour la mise en œuvre du Pilier Un puisse être signé au cours du premier semestre de 2023, en vue de son entrée en vigueur en 2024.
Le Pilier Deux prévoit la mise en place d’un impôt minimal mondial de 15 % qui s’appliquera de façon générale aux EMN dont les revenus mondiaux atteignent au moins 750 millions d’euros.
L’énoncé économique affirme que le Canada est déterminé à mettre en œuvre le régime d’imposition minimum mondial et qu’il continue de collaborer étroitement avec ses partenaires internationaux afin d’élaborer un cadre de mise en œuvre coordonné, qui sera mis en place de façon opportune.
La règle sur les reventes précipitées de biens immobiliers résidentiels (RPBIR) proposée, annoncée dans le budget fédéral 2022, considérerait comme des revenus tirés d’une entreprise les profits découlant de certaines dispositions de biens immobiliers résidentiels qui ont été détenus pendant moins de 12 mois. L’énoncé économique élargit cette nouvelle règle de présomption aux profits découlant de la disposition des droits d’achat de biens immobiliers résidentiels au moyen de la cession d’un contrat de vente. Le RPBIR et son élargissement aux cessions de contrats de vente s’appliqueront aux opérations réalisées après 2022.
L’énoncé économique propose d’approuver automatiquement des paiements anticipés pour l’année d’imposition 2023 pour les particuliers qui ont reçu l’ACT pour l’année d’imposition précédente, pourvu que leur déclaration de revenus pour l’année précédente soit reçue et fasse l’objet d’une cotisation avant le 1er novembre de l’année en cours (auparavant, les bénéficiaires devaient demander les paiements anticipés dans leur déclaration de revenus). Les paiements anticipés seront émis automatiquement à compter de juillet 2023.
L’énoncé économique réaffirme l’intention du gouvernement de mettre en place un nouveau régime d’imposition minimum (en plus ou, peut-être, au lieu de l’impôt minimum de remplacement existant) pour les Canadiens les plus riches. Des détails sur l’approche proposée et la mise en œuvre seront fournis dans le budget fédéral 2023.
Le ministère des Finances a annoncé que les améliorations proposées aux règles de divulgation obligatoire du Canada — qui modifient les « opérations à déclarer » et exigeront des contribuables la déclaration des « opérations à signaler » — entreront en vigueur à la date de la sanction royale du texte législatif y donnant effet (auparavant, elles étaient en vigueur pour les opérations conclues après 2022). La nouvelle exigence de déclaration de « traitements fiscaux incertains » pour les « sociétés déterminées » prendrait encore effet pour les années d’imposition qui débutent après 2022, des pénalités ne s’appliquant qu’une fois que la loi habilitante aura reçu la sanction royale. Pour en savoir plus sur les règles de divulgation obligatoire proposées, lisez l’article « Le ministère des Finances publie des propositions législatives ─ règles de divulgation obligatoire ».
L’énoncé économique confirme que le gouvernement ira de l’avant avec les mesures ci-après annoncées dans son budget fédéral 2022 et d’autres mesures annoncées antérieurement, telles qu’elles ont été modifiées afin de tenir compte des consultations :
Le gouvernement entend également aller de l’avant avec les consultations annoncées précédemment suivantes :
Pour en savoir plus sur ces mesures proposées, consultez nos bulletins Point de vue fiscal :
Leader Services fiscaux, Capital-investissement et fonds de pension, PwC Canada