13 juillet, 2023
Numéro 2023-08F
Mise à jour du 13 juillet 2023 : Le 12 juillet 2023, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a annoncé que 138 pays et juridictions ont convenu de prolonger d’un an le statu quo sur l’imposition de taxes sur les services numériques (TSN) nouvellement adoptées, ou de mesures similaires pertinentes, pendant que se poursuit le travail pour conclure une convention multilatérale (CML) visant à mettre en œuvre le Pilier Un. Plus précisément, ils ont généralement convenu de s’abstenir d’imposer de nouvelles TSN jusqu’au 31 décembre 2024 (prolongation d’un an à partir du 31 décembre 2023), à condition que le processus de ratification de la CML ait suffisamment progressé avant la fin de 2023 (c.-à-d. qu’au moins 30 juridictions représentant au moins 60 % des entités mères ultimes des entreprises multinationales entrant dans le champ d’application signent la CML avant la fin de 2023).
Le même jour, la vice-première ministre et ministre des Finances du Canada, Chrystia Freeland, a publié un communiqué de presse indiquant que, bien que le Canada soutienne pleinement la CML, il n’est pas favorable à la prolongation d’un an. Par conséquent, il semble que le Canada reste déterminé à aller de l’avant avec une TSN à partir du 1er janvier 2024 si la CML n’est pas entrée en vigueur. Il était annoncé dans le budget du Canada du 28 mars 2023 que des propositions législatives révisées visant à mettre en œuvre une TSN canadienne seraient présentées au public pour commentaires, mais ces propositions législatives n’ont pas encore été publiées.
Ce Point de vue fiscal a été publié initialement le 23 février 2023. Il n’a pas été modifié pour tenir compte du communiqué de presse de l’OCDE du 12 juillet 2023, du communiqué de presse de la vice-première ministre et ministre des Finances ni des commentaires sur le budget fédéral du 28 mars 2023.
Pas plus tard que dans l’Énoncé économique de l’automne du 3 novembre 2022, le gouvernement fédéral du Canada confirmait son intention d’aller de l’avant avec des propositions législatives mettant en œuvre la Loi de la taxe sur les services numériques. Si le gouvernement passe à l’action, la taxe sur les services numériques (TSN) s’appliquerait à certaines sociétés canadiennes et étrangères de façon rétroactive au 1er janvier 2022, mais ne serait pas exigible avant juin 2025.
Le gouvernement a aussi indiqué qu’il est nettement en faveur d’une approche multilatérale et que la TSN proposée est une mesure temporaire qui ne serait imposée que si la convention multilatérale mettant en œuvre le Pilier Un1 de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) n’était pas en vigueur au 31 décembre 2023; dans un tel cas, le Canada commencerait à percevoir la TSN à l’égard des revenus visés accumulés depuis le 1er janvier 2022 à partir du 1er janvier 2024. Le Pilier Un et la TSN ont un but commun : veiller à ce que les sociétés paient des taxes et des impôts là où elles touchent des revenus. Cependant, les deux mesures s’appliquent à des groupes de contribuables très différents, en raison de leurs seuils de revenus applicables.
Le gouvernement canadien a signifié son intention d’achever les négociations multilatérales afin que le traité pour la mise en œuvre du Pilier Un puisse être signé au cours du premier semestre de 2023, en vue de son entrée en vigueur en 2024. Bien que l’on continue de faire des progrès considérables dans l’établissement des nouvelles règles techniques pour l’approche multilatérale et que des consultations publiques au sujet de ces nouvelles règles soient en cours, il reste très peu de temps d’ici la mise en œuvre de la convention multilatérale le 1er janvier 2024. Étant donné cet échéancier ambitieux, et le fait que la TSN proposée par le Canada s’appliquerait aux revenus visés gagnés en 2022, les entreprises concernées devraient commencer à se préparer en vue de la prise d’effet de la TSN.
La TSN de 3 % proposée s’appliquerait à certains revenus visés de grandes entreprises nationales et étrangères.
Les revenus visés comprennent les revenus provenant des services numériques suivants :
La TSN s’appliquerait pour une année civile donnée aux entreprises qui atteignent les deux seuils de revenus ci‑après (qui seront calculés au niveau du groupe consolidé) :
La taxe serait calculée sur les revenus canadiens visés pour l’année civile donnée en excédent de 20 millions de dollars canadiens (les 20 millions sont partagés entre les membres du groupe).
Si la TSN prend effet, elle forcera une entreprise à revenir sur ses revenus et activités de 2022 et 2023 pour déterminer si une obligation de payer la TSN existe pour ces années.
Pour faciliter le processus d’examen des données antérieures aux fins de l’évaluation d’une obligation potentielle à l’égard de la TSN et de la budgétisation en vue de paiements de la TSN qui pourraient devenir exigibles en 2025, nous recommandons aux entreprises de prendre les mesures ci-après dès maintenant :
1. L’OCDE préconise une solution reposant sur deux piliers pour relever les défis fiscaux découlant de la numérisation de l’économie mondiale. Le principal élément du Pilier Un est l’attribution d’une part des bénéfices consolidés de certaines entreprises multinationales aux marchés où les revenus sont réalisés. Cette part est calculée selon une formule. Pour en savoir plus, lisez notre Point de vue fiscal « Le nouveau cadre fiscal international et la taxe sur les services numériques du Canada ».