Se préparer à un avenir carboneutre

Au cours de la dernière année, le gouvernement du Canada a franchi des étapes importantes vers le nouvel avenir énergétique du pays. À la suite de l’annonce, l’an dernier, de son projet d’atteindre la carboneutralité d’ici 2050, le gouvernement a récemment augmenté à 45 % la cible de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) du Canada d’ici 2030. Cette cible surpasse les engagements antérieurs du gouvernement, qui étaient déjà supérieurs aux objectifs de l’Accord de Paris de réduire les émissions de 30 %.

Les initiatives actuelles du Canada liées au climat – conservation de l’énergie, élimination progressive de la production d’électricité à partir du charbon, réglementation sur le méthane et norme sur les combustibles propres – visent à réduire l’intensité énergétique et à dépasser les cibles de réduction des émissions de GES de l’Accord de Paris d’ici 2030. L’objectif de carboneutralité pour 2050 témoigne d’un changement beaucoup plus important dans le bouquet énergétique du Canada et s’inscrit dans une transition de fond vers des sources d’énergie à zéro émission.

L’échéance de 2050 peut paraître lointaine. Mais avec un changement aussi radical à l’horizon, les entreprises des secteurs de l’énergie et des services publics doivent agir dès maintenant pour se positionner en prévision de l’engagement de 2030 et de l’atteinte de la cible de zéro émission nette à plus long terme. Cela nécessitera un changement de stratégie et une transformation profonde du modèle opérationnel et des activités pour pouvoir tirer profit des opportunités nouvelles et émergentes sur le marché.

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Des répercussions différentes sur le secteur de l’énergie

Selon le scénario de transformation présenté par Ressources naturelles Canada, la consommation finale devrait rester stable et la part des combustibles fossiles passera d’environ 75 % actuellement à 25 % d’ici 20501. D’autres sources d’énergie d’une grande importance viendront combler cet écart : la part de l’électricité passera d’environ 20 % actuellement à environ 30 % d’ici 2050 et celle des biocarburants doublera pour atteindre 12 %. Surtout, cette transformation démontre le potentiel du marché canadien de l’hydrogène à croître et à s’approcher de la part de l’électricité.

Pour y parvenir, il faudra emprunter des voies multiples et instaurer un nouvel écosystème énergétique, ce qui créera des opportunités autant que des défis pour les acteurs actuels des secteurs de l’énergie et des services publics. Ces derniers ne seront pas égaux à l’échelle sectorielle, ce qui exigera des réponses adaptées aux circonstances, à la composition des actifs et aux capacités de chaque acteur. Voici certaines opportunités :

  • un avantage de départ important pour les provinces qui possèdent déjà d’abondantes ressources en électricité renouvelable à faible coût, comme le Québec, la Colombie-Britannique et le Manitoba;
  • la mise en valeur de réserves riches en gaz naturel dans des provinces comme l’Alberta pour la production d’hydrogène bleu, tout en continuant à accroître les principales capacités de captage, d’utilisation et de stockage du carbone (CUSC);   
  • l’accent accru mis sur la distribution de l’énergie, à la fois pour soutenir les écosystèmes intégrés et bidirectionnels de l’électricité nécessaires à la production décentralisée et pour surmonter les défis techniques et économiques du transport de l’hydrogène à grande échelle;
  • un rôle clé pour la main-d’œuvre (ingénieurs, opérateurs, etc.) du secteur pétrogazier qui possède l’expertise sur le cycle de vie des actifs nécessaire à la construction de nouvelles infrastructures énergétiques;
  • d’importantes possibilités d’exportation pour le Canada, non seulement en ce qui a trait à l’énergie propre, mais aussi à nos technologies et à nos innovations de pointe dans des domaines clés comme le CUSC et l’hydrogène.

Les risques sont tout aussi réels, en particulier pour les acteurs les plus exposés au carbone qui font face à des défis financiers croissants – tarification du carbone, substitution des produits, pressions de la demande – ainsi qu’à des facteurs défavorables liés à la réputation – acceptabilité sociale, rétention de la main d’œuvre, activisme des actionnaires – découlant de la transition. Cependant, même si nous tendons vers la carboneutralité, le monde aura encore besoin de combustibles fossiles et les entreprises de ce secteur auront toujours la possibilité de tirer parti de leurs forces. Maintenant, ce qui importe le plus pour toutes les entreprises des secteurs de l’énergie et des services publics, c’est de définir la voie qu’elles veulent suivre d’ici 2050 et par la suite.


Des investissements considérables 

Cette transition se traduira par des changements marqués du paysage énergétique du Canada. Voici certains des changements les plus importants :

  • un accroissement important de la production d’électricité sans émission de GES à partir de sources comme les éoliennes, les capteurs solaires et, peut-être, de petits réacteurs modulaires;
  • l’ajout d’installations de stockage d’énergie et l’expansion des réseaux intelligents pour gérer les modes de production intermittents à mesure qu’augmente la production d’énergie renouvelable;
  • la mise à l’échelle rapide des technologies de captage et de stockage des émissions produites par l’hydrogène bleu et la consommation de combustibles fossiles traditionnels.

Dans l’ensemble, nous estimons que la production de l’électricité et de l’hydrogène nécessaires pour atteindre les objectifs du Canada en 2050 pourrait exiger des investissements de 1 500 milliards de dollars canadiens, exclusion faite des besoins en matière d’infrastructure de distribution et de soutien. En chiffres annualisés, ce montant correspond aux investissements actuels du secteur de l’énergie, qui s’élèvent à quelque 50 milliards de dollars canadiens, ce qui met en évidence le principal risque pour le rythme et le calendrier de la transition vers la carboneutralité et la nécessité de doubler les investissements rapidement.

On ne sait pas encore exactement quels seront les sources de financement et les intervenants qui seraient les mieux placés pour assumer le risque lié au développement, en particulier sur les marchés émergents comme ceux de l’hydrogène ou dans des domaines moins éprouvés, comme le CUSC. L’une des sources est le gouvernement, qui a un rôle important à jouer dans la création d’un environnement propice à l’innovation et à l’investissement, tout en continuant à accorder du financement. La pandémie de COVID-19 a déjà accéléré la transition énergétique, les gouvernements y affectant directement des fonds de relance. Dans son plus récent budget, le gouvernement fédéral poursuit en ce sens en annonçant de nouveaux fonds et de nouvelles mesures incitatives. Par la suite, les recettes de la tarification du carbone pourraient aussi servir de levier financier, le prix du carbone devant atteindre 170 $ la tonne d’équivalent CO2 d’ici 2030.

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Le pouvoir des partenariats

Même si les projets de carboneutralité du Canada auront d’importantes répercussions sur la plupart des entreprises, nos échanges avec les acteurs du secteur montrent constamment que les partenariats constituent un soutien essentiel à la transition. Déjà, de nombreuses entreprises des secteurs de l’énergie et des services publics cherchent des façons de collaborer entre elles et avec d’autres industries; des secteurs traditionnellement distincts convergent dans le contexte de la transition énergétique pour accélérer les nouveaux investissements et accroître les capacités.

Les investisseurs et les prêteurs jouent également un rôle important dans la disponibilité des capitaux nécessaires à la transition. Nos échanges indiquent que nombre d’entre eux ont déjà changé la façon dont ils évaluent le risque lié à la durabilité de l’entreprise à plus long terme et qu’ils favorisent les entreprises dont les pratiques et la performance en matière de durabilité sont exemplaires. Nous constatons de plus en plus que les entreprises à faible intensité de carbone arrivent mieux que les autres à attirer les investissements, ce qui démontre les avantages d’un message clair et d’une action immédiate.

Les gouvernements seront également des partenaires essentiels, au-delà du financement et de l’investissement. Ils devront rester un soutien crucial à la transition en collaborant activement avec les parties prenantes afin d’assurer l’harmonisation et la stabilité des politiques et de gérer les inégalités qui pourraient survenir.

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Poser les bases

Pour se positionner en vue du succès dans ce nouvel environnement et faire les changements et les investissements requis, les entreprises des secteurs de l’énergie et des services publics doivent s’y mettre dès maintenant.

Sur une note positive, notons que notre Enquête de 2021 auprès des chefs de direction révèle que les dirigeants des secteurs de l’énergie et des services publics à l’échelle mondiale reconnaissent qu’il est urgent d’agir. Selon les résultats de l’enquête, 77 % des chefs de direction du secteur de l’énergie se disent préoccupés par les changements climatiques et les dommages environnementaux. Un pourcentage un peu plus important de dirigeants du secteur des services publics se sont montrés préoccupés par ces questions, à 78 %. Nombre d’entre eux sont également prêts à s’engager davantage pour résoudre ces problèmes. En effet, 68 % des chefs de direction du secteur de l’énergie et 60 % des dirigeants des services publics prévoient d’accroître les investissements dans le développement durable et les initiatives environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) au cours des trois prochains exercices.

Mais pour tirer le meilleur rendement de leurs investissements, les entreprises des secteurs de l’énergie et des services publics doivent d’abord élaborer une vision claire de l’avenir de leur entreprise et mettre leur durabilité à l’épreuve dans un contexte de carboneutralité.

Voici quelques questions que vous devriez vous poser :

  • Que signifie la transition énergétique pour votre entreprise telle qu’elle existe aujourd’hui et, surtout, pour l’avenir?
    • Quels sont les défis propres à votre entreprise?
    • Quelles sont vos opportunités de croissance et à quel moment devraient-elles se présenter?
  • Comment votre modèle d’affaires devra-t-il évoluer pour que votre entreprise demeure concurrentielle et prenne de l’expansion? Est-il possible de libérer des fonds pour les investissements dont vous avez besoin?
  • Comment allez-vous évaluer et communiquer vos réalisations?

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des chefs de direction du secteur de l’énergie se disent préoccupés par les changements climatiques et les dommages environnementaux

De la stratégie à l’exécution

Après avoir répondu à ces questions fondamentales, vous serez prêt à agir et à pérenniser votre entreprise en fixant des objectifs stratégiques fondés sur des données scientifiques en matière de durabilité à long terme et en saisissant les opportunités de croissance que vous avez identifiées. Ainsi, vous pourrez recentrer vos activités de base sur ce qui doit changer pour que vous puissiez atteindre vos objectifs en tenant compte des répercussions sur l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement. Il sera essentiel d’évaluer et de communiquer efficacement votre performance, surtout en raison des attentes plus élevées en matière d’ESG.

Nous avons abordé ces questions dans notre propre cheminement vers la carboneutralité et lors de mandats auprès d’organisations qui souhaitaient définir leur stratégie de transition énergétique. Ceux qui sont prêts à s’élancer vers 2050 peuvent en apprendre plus sur les fondements de la transformation vers la carboneutralité ou communiquer avec nous pour discuter de l’avenir énergétique de leur organisation.

Make the right choices to position in a sustainable tomorrow, Implement sustainability considerations into everyday operations, Define and implement the right measures to manage accordingly

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James McLean

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John Samkoe

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