Donald Trump a été élu président des États-Unis et le Parti républicain contrôle maintenant le Sénat et la Chambre des représentants. Nous tenions à vous communiquer notre point de vue sur quelques-unes des principales mesures que l’administration Trump pourrait adopter et leur impact sur le marché des transactions au Canada.
Afin d’étayer notre point de vue, nous avons utilisé notre plateforme interne fondée sur l’intelligence artificielle pour recueillir et analyser en continu de l’information sur les tendances socioéconomiques et géopolitiques mondiales à partir de nombreuses sources. À l’aide de cette plateforme, nous avons ciblé six secteurs au sein desquels les politiques du gouvernement Trump, qui profite du soutien des deux chambres, devraient vraisemblablement diverger de manière considérable de celles de l’administration Biden.
Nous prévoyons que l’une des premières décisions du président Trump sera de limiter fortement l’immigration et de prendre des mesures à l’égard des migrants sans papier qui habitent déjà aux États-Unis. Cette décision devrait mener à un déficit significatif en main-d’œuvre, notamment dans les secteurs de la fabrication, du commerce de détail, de l’agriculture, de la construction et des soins de santé, et à une augmentation probable des coûts opérationnels dans ces domaines. Certains de ces migrants pourraient traverser la frontière pour se rendre au Canada, ce qui pourrait avoir un impact sur les relations entre les deux pays.
Peu après son investiture, le président Trump devrait également imposer des tarifs douaniers de 10 % à certains pays, et des tarifs encore plus élevés à la Chine (jusqu’à 60 %). Nous pensons que le Canada pourrait être exempté de ces tarifs douaniers pour les produits considérés comme hors douane en vertu de l’Accord Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM). Cependant, selon un scénario plausible, les mesures suivantes pourraient être mises en œuvre :
Pour Donald Trump et le Parti républicain, la lutte contre les changements climatiques n’est pas une priorité. À ce titre, nous nous attendons à ce que l’administration Trump, de concert avec le Congrès, affaiblisse les lois visant à lutter contre les changements climatiques ou, dans certains cas, les abroge. Par exemple, Trump a proposé de démanteler divers règlements environnementaux, notamment ceux qui concernent les émissions et la décontamination des cendres de charbon. Pendant la campagne électorale, il a également proposé de limiter les pouvoirs de la Environmental Protection Agency (EPA) et de réduire son budget.
Si nous ne pensons pas que l’administration Trump abrogera la Inflation Reduction Act, il est probable qu’elle en limite la portée, en particulier en ce qui a trait aux véhicules électriques (VE), aux batteries de VE, aux énergies renouvelables, au transport en commun et aux mécanismes de contrôle de la pollution. Par exemple, l’administration Trump pourrait vraisemblablement annuler en tout ou en partie les crédits d’impôt accordés aux consommateurs américains qui achètent un véhicule électrique répondant à certaines règles de fabrication en Amérique du Nord. Un scénario moins probable, mais tout à fait envisageable, consisterait à modifier les règles de fabrication afin de désavantager le Canada et le Mexique, tout en maintenant les crédits d’impôt pour les VE produits aux États-Unis.
En dépit du fait que la production de pétrole et de gaz a atteint des niveaux record sous l’administration Biden, nous pensons que le président Trump cherchera à l’accroître encore davantage en éliminant d’autres obstacles réglementaires et en autorisant le forage dans un plus grand nombre de régions. Nous pensons également que l’administration Trump souhaitera renforcer le commerce de pétrole et de gaz avec le Canada en augmentant la production et en construisant de nouveaux pipelines entre les deux pays.
Alors que M. Trump et le Parti républicain ont annoncé vouloir réduire l’impôt sur le revenu, le président a déclaré publiquement qu’il ne toucherait pas aux importants postes de dépenses que constituent Medicare, la sécurité sociale et la défense. Il est probable qu’une législation fiscale soit adoptée dans les 12 prochains mois afin de prolonger certaines dispositions relatives aux particuliers et aux entreprises qui doivent expirer en 2025. Cela pourrait accroître le déficit national et la dette et nuire à la position financière mondiale des États-Unis.
Trump a également plaidé en faveur d’une réduction supplémentaire du taux de l’impôt des sociétés pour les fabricants nationaux, d’une annulation de certaines mesures incitatives en faveur des énergies propres incluses dans la Inflation Reduction Act et d’une augmentation des tarifs douaniers sur les produits fabriqués à l’étranger. Toutefois, il n’est pas certain qu’il parvienne à mettre en œuvre ces politiques en raison de la faible majorité dont il dispose au Congrès. En outre, compte tenu de l’endettement des États-Unis, il sera difficile de réduire les impôts, car cela pourrait entraîner une crise financière.
L’administration Trump, qui bénéficie du contrôle des deux chambres par les républicains, devrait entraîner un repli des États-Unis. On peut donc en déduire que l’engagement envers l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) risque de diminuer, ce qui obligerait les autres pays membres à augmenter leurs niveaux de financement et d’activité. De son côté, le Canada se retrouvera sans doute contraint d’augmenter considérablement son budget de défense et de coopérer plus étroitement avec les États-Unis pour développer des chaînes d’approvisionnement continentales qui aideront nos voisins du Sud à s’affranchir de la Chine (p. ex., en accélérant l’exploration et l’extraction de minéraux essentiels).
Voici quelques impacts potentiels de telles mesures sur le marché canadien des transactions :
En raison de la politique d’immigration qui entraînerait des pénuries de main-d’œuvre aux États-Unis, les entreprises canadiennes qui font concurrence aux sociétés américaines (au Canada ou en tant qu’exportateurs vers les marchés américains) dans des secteurs nécessitant beaucoup de main-d’œuvre pourraient devenir des opportunités d’investissement plus attrayantes. Ces secteurs peuvent comprendre le commerce de détail, l’entreposage, la transformation d’aliments, l’agriculture et la fabrication de produits nécessitant une main-d’œuvre abondante. Selon notre analyse, les mesures que devrait prendre l’administration Trump affaibliront davantage le dollar canadien. La baisse de la vigueur du huard devrait améliorer encore plus les perspectives des entreprises de ces secteurs.
Les sociétés manufacturières canadiennes des secteurs nécessitant beaucoup de capitaux pourraient pâtir de l’incertitude créée par l’administration Trump quant à ses relations commerciales avec le Canada. Ces entreprises pourraient ainsi être amenées à s’installer aux États-Unis ou à y accroître leurs activités et à réduire leur volume de transactions au Canada. La demande en provenance des États-Unis pouvant diminuer, les entreprises qui participent à la chaîne d’approvisionnement de VE et à d’autres formes de transformation énergétique se heurteraient à de nouvelles difficultés.
Les investissements militaires du Canada devraient augmenter de manière substantielle. Les entreprises canadiennes actives dans les chaînes d’approvisionnement du secteur de la défense, comme l’aérospatiale, les drones et la cybersécurité, pourraient y trouver leur compte. Les transactions dans ce secteur sont susceptibles d’augmenter.
Les sociétés pétrolières et gazières et les exploitants de pipelines pourraient connaître un regain d’intérêt de la part des investisseurs, ce qui se traduirait par une augmentation du volume de transactions.
Quant à lui, le secteur minier pourrait être dynamisé par l’intérêt accru des États-Unis à se dissocier de la Chine. De ce fait, il est plausible que le secteur devienne plus attrayant pour les investisseurs, entraînant une hausse du nombre de transactions.
Notre analyse des principales mesures que pourrait prendre l’administration Trump et de leurs impacts potentiels sur les entreprises canadiennes.
Associé et leader national, Analyse économique, PwC Canada
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