Impacts fiscaux et commerciaux de l’élection américaine au Canada

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  • 22 nov. 2024

On s’attend à ce que le président désigné Donald Trump apporte des changements significatifs aux politiques fiscales et commerciales qui auront des incidences considérables sur les entreprises canadiennes. L’évolution des politiques américaines pourrait également influer sur les plateformes des partis politiques fédéraux de notre côté de la frontière, surtout dans le contexte actuel de gouvernement libéral minoritaire et d’élections fédérales en 2025.

Mesures fiscales possibles à surveiller

Donald Trump a fait campagne sur des promesses de baisses d’impôt. Voici quelques développements importants à surveiller :

Adoptée en juin 2024, la Loi sur la taxe sur les services numériques (LTSN) du Canada est perçue comme une loi ciblant les grandes sociétés technologiques américaines. Les États-Unis la contestent déjà sous l’Accord Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM) et pourraient imposer de nouveaux tarifs douaniers aux entreprises canadiennes, ce qui pourrait amener le Canada à revoir sa position par rapport à la LTSN.

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Une baisse du taux d’imposition des sociétés, pour le faire passer à 15 % pour les sociétés ayant des activités manufacturières aux États-Unis, pourrait avoir un impact négatif sur les entreprises canadiennes et les pousser à transférer leur production de l’autre côté de notre frontière. Par le passé, le gouvernement canadien a déjà modifié ses politiques fiscales en réaction à des changements législatifs au sud de notre frontière. Beaucoup d’observateurs considèrent que les Crédits d’impôt pour une économie propre du Canada ont été adoptés en réponse à l’Inflation Reduction Act des États-Unis. On ignore si le Canada tentera de livrer concurrence à son voisin en adoptant une baisse semblable de son taux d’imposition des sociétés pour les activités manufacturières nationales.

L’administration Trump et les républicains au Congrès s’opposeraient à l’adoption des règles des deux piliers de l’OCDE, surtout la réaffectation des bénéfices selon le Pilier Un ainsi que la règle relative aux profits insuffisamment imposés (RPII) et le traitement des incitatifs fiscaux selon le Pilier Deux. Les États-Unis pourraient imposer des mesures aux entreprises établies dans des pays qui appliquent ces règles. Le Canada a déjà adopté la Loi sur l’impôt minimum mondial, qui applique la règle d’inclusion des revenus et l’impôt complémentaire minimum national du Pilier Deux. Cela dit, la RPII n’est encore qu’au stade de l’avant-projet de loi. Nous n’entrevoyons aucun changement notable de la position du Canada à l’égard des règles du Pilier Un et du Pilier Deux. L’évolution du contexte politique au cours des prochains mois sera néanmoins déterminante pour l’avenir de ces politiques fiscales.

Les législateurs américains devraient débattre des crédits et des incitatifs liés à l’énergie intégrés à l’Inflation Reduction Act, mais il semble peu probable qu’ils les abrogent entièrement. C’est pourquoi nous nous attendons à ce que le Canada continue de mettre l’accent sur l’offre d’incitatifs fiscaux aux entreprises qui participent à la transition vers une économie propre.

Impacts possibles sur les échanges commerciaux et la chaîne d’approvisionnement

On s’attend également à ce que l’administration Trump impose de nouveaux tarifs douaniers et barrières commerciales. Ces mesures pourraient être coûteuses pour les entreprises canadiennes, particulièrement celles des secteurs de l’agriculture, de la fabrication et des ressources naturelles.

Voici quelques-unes des principales mesures commerciales à surveiller :

Peu après son investiture, le président Trump imposera vraisemblablement des tarifs de 10 % sur les importations de certains pays et des tarifs allant jusqu’à 60 % sur les importations de la Chine. À titre d'exemple, il a annoncé le 25 novembre son intention d’imposer des tarifs douaniers de 25 % sur les produits du Canada et du Mexique, à moins que ces deux pays n'améliorent la sécurité de leurs frontières respectives. En outre, les tarifs et les politiques commerciales proposés par Trump auront un impact considérable sur les biens produits à l’étranger importés aux États-Unis via le Canada. Même si le Canada pourrait être épargné par ces tarifs pour les produits exemptés en vertu de l’ACEUM, des tarifs ciblés pourraient tout de même être imposés à différents produits canadiens au moyen de décrets présidentiels. Par exemple, les décrets prévus à l’article 232 de la Trade Expansion Act des États-Unis confèrent au président le pouvoir d’ajuster les importations, notamment au moyen de tarifs douaniers, s’il s’avère que des importations excessives constituent une menace pour la sécurité nationale des États-Unis. Si les États-Unis imposaient de tels tarifs au Canada, les deux pays disposeraient de 60 jours pour négocier une issue appropriée. 

Le resserrement de la réglementation douanière et des contrôles à la frontière canado-américaine pourrait entraîner des retards et une augmentation des coûts de conformité pour les activités commerciales transfrontalières. Les entreprises pourraient être forcées de revoir leurs chaînes d’approvisionnement, de trouver de nouveaux marchés ou fournisseurs, et de composer avec des exigences réglementaires changeantes.

Donald Trump pourrait user de sa capacité à mettre fin à l’ACEUM pour obtenir des concessions de la part du Canada avant la renégociation de l’Accord prévue pour 2026. Cette situation pourrait nuire surtout aux exportations du Canada vers les États-Unis, sauf celles du secteur des ressources, notamment les véhicules, les machines, le plastique, les équipements électriques et les produits d’aluminium. Historiquement, le bois d’œuvre, l’acier, l’aluminium et les produits laitiers sont des questions litigieuses dans les relations commerciales canado-américaines, et la nouvelle administration risque de les avoir dans le collimateur.

Ce que les entreprises canadiennes peuvent faire

Il est fort probable que l’évolution du contexte politique aura des effets généralisés sur l’économie canadienne, notamment le marché des transactions. De nouvelles politiques pourraient aussi forcer les entreprises canadiennes à accélérer leur transformation et réinvention.

Pour composer avec ces changements, les entreprises canadiennes devraient envisager ce qui suit :

Avec les républicains à la Maison-Blanche et leur contrôle du Congrès (en anglais seulement), cela ouvre la porte à un renversement complet du programme de l’administration Biden. Or, compte tenu de leur avance serrée au Congrès, les républicains devront vraisemblablement surmonter leurs tensions internes pour faire adopter la majeure partie de leur nouveau programme.

Les entreprises qui planifient et modélisent les divers changements possibles des politiques peuvent obtenir une vue globale des coûts et des répercussions sur leurs activités. Elles devront sous-peser l’impact potentiel des nouveaux tarifs sur leurs chaînes d’approvisionnement et envisager l’expédition avant janvier de leurs exportations vers les États-Unis, surtout celles en provenance du Mexique.

L’évaluation de l’incidence possible des changements de politiques sur la capacité de l’entreprise à créer, capter et livrer de la valeur peut orienter les ajustements devant être apportés à la stratégie de croissance. Cela inclut l’évaluation des impacts sur le prix de transfert. À court terme, les entreprises pourraient envisager les achats préalables de stocks et l’accroissement des importations interentreprises. Il sera important d’examiner les modalités des ententes interentreprises pour déterminer qui assume le risque lié aux tarifs. Les entreprises feraient également mieux d’examiner l’impact que les tarifs visant la Chine et le Mexique auront sur leur structure de prix de transfert. En outre, elles pourront modéliser divers scénarios, notamment les changements des données de référence pour le prix de transfert et l’impact des nouveaux tarifs sur les politiques de prix de transfert. Les entreprises seront ainsi en mesure de faire ressortir les occasions de mise à niveau des aspects liés à la fiscalité et aux prix de transfert de leur modèle d’exploitation et s’assurer que ce dernier répond à ses objectifs.

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