À l’heure où des forces de changement complexes font naître diverses menaces à l’échelle mondiale, les organisations canadiennes doivent considérer avec attention l’incidence de tels bouleversements sur leur personnel, dont de multiples risques liés aux effectifs. Les organisations qui abordent ces risques de façon proactive et globale peuvent gagner sur plusieurs fronts, notamment en améliorant leur positionnement concurrentiel et leurs résultats financiers. C’est ce que fait ressortir notre Enquête mondiale sur la gestion des risques 2023, qui mentionne que la vaste majorité (84 %) des organisations reconnues comme chefs de file en gestion des risques ont attribué à leur approche une amélioration de leurs résultats financiers.
Les risques liés aux effectifs découlent, pour les employeurs, de l’influence des actions et des comportements des employés ou encore de forces externes qui touchent le personnel. Prenons l’exemple de l’intelligence artificielle générative, une force disruptive à la fois remplie de promesses et porteuse de risques et de répercussions considérables pour les organisations et leur personnel.
Les organisations qui souhaitent adopter l’IA générative devront impérativement s’adjoindre de personnes ayant les compétences requises pour pouvoir en exploiter tous les avantages. Dans un contexte de pénurie de talents, le manque de compétences dans des domaines comme l’IA représente un important risque lié aux effectifs, d’autant plus quand des pressions s’exercent sur les organisations pour qu’elles se réinventent en investissant dans les technologies. Nous l’avons constaté dans notre plus récente Enquête mondiale auprès des chefs de direction : 53 % des répondants ont affirmé qu’un manque de compétences empêchait leur organisation de transformer leur façon de créer, de livrer et de capter de la valeur.
Ce ne sont là que quelques-unes des raisons de faire de la gestion des risques liés aux effectifs une priorité stratégique. Au-delà des questions d’accès aux compétences et aux talents, la problématique concerne la capacité d’une organisation de s’adapter à l’évolution du cadre réglementaire et de conformité, d’optimiser sa stratégie et son modèle d’exploitation, et de protéger et renforcer sa marque. Pour reprendre l’exemple de l’IA générative, des risques proviennent aussi de la nécessité d’assurer une transition juste pour les employés déplacés par cette technologie, et de mettre en place des protections contre les menaces pour la cybersécurité et la confidentialité des données, qui peuvent miner la réputation de l’organisation (à l’interne comme à l’externe) et la valeur pour les actionnaires.
Si les risques liés aux effectifs ont toujours existé, à de degrés divers, ils se multiplient sous l’action de forces mondiales complexes qui créent de nouvelles normes et de nouveaux défis auxquels les organisations doivent s’adapter.
Conséquences pour les organisations |
Exemples de risques liés aux effectifs |
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Perturbations technologiques |
Les technologies offrent de formidables occasions de création de valeur, mais peuvent aussi poser des risques et entraîner des perturbations. |
Il n’est pas rare que des comportements d’employés soient à l’origine de vulnérabilités qui mènent à des cyberattaques. De tels incidents minent la confiance dans l’organisation et exposent celle-ci à des risques liés au contrôle et à la conformité réglementaires, facteurs qui peuvent se répercuter sur les résultats financiers et la valeur pour les actionnaires. |
Changements démographiques |
La population active est actuellement formée de cinq générations, qui ont chacune leurs besoins et leurs attentes propres. |
Les jeunes générations socialement conscientisées peuvent souhaiter que leur employeur prenne position publiquement sur des questions controversées, ce qui peut créer des pressions et des conflits à l’interne et se répercuter sur la marque et la réputation à l’externe. |
Changements climatiques |
Les organisations doivent repenser leur empreinte et leurs activités à la lumière des conséquences à grande échelle des changements climatiques, et tenir compte des préoccupations et des opinions de leur personnel relativement aux défis planétaires actuels. |
Une organisation peut se trouver fragilisée si elle est incapable de garantir la sécurité de son personnel et si elle est dépourvue des ressources nécessaires à la poursuite des activités en cas de perturbations physiques dues à des phénomènes climatiques extrêmes. Des questions d’ordre générationnel peuvent aussi entrer en jeu, du fait que les jeunes travailleurs seront plus susceptibles de se soucier de l’empreinte écologique de leur employeur et de souhaiter travailler pour une organisation qui partage leurs valeurs. |
Instabilité sociale |
Les changements sociétaux et la quête d’égalité sociale créent des pressions nouvelles et érodent la confiance dans les institutions et les organisations. |
Vu l’importance croissante accordée à la diversité et à l’inclusion ou encore à l’instauration de mécanismes d’équité, comme les lois sur la transparence salariale qu’ont adoptées divers ordres de gouvernement au Canada, les organisations qui ne s’adaptent pas à l’évolution des attentes et des règles pourraient voir leur image interne et publique ternie et avoir du mal à attirer et à retenir des personnes possédant des compétences essentielles. |
Fractures géopolitiques |
Un contexte géopolitique de plus en plus incertain ajoute aux défis pour les organisations devant s’adapter à l’évolution d’enjeux de portée locale et internationale. |
L’instabilité géopolitique accentue les risques pour les organisations ayant du personnel dans des régions où des conflits éclatent. |
Diverses forces sont à l’œuvre depuis un certain temps déjà, mais elles continuent de s’intensifier et de se superposer, ce qui ne fait qu’accroître les risques de plus en plus interreliés qu’elles créent pour les effectifs. Et si une organisation a ce qu’il faut pour gérer un problème ou une crise se rapportant à un risque en particulier, elle peut se retrouver paralysée si plusieurs événements surviennent en même temps.
S’ajoute à tout cela l’effritement de la confiance sociétale, qui ne fait qu’accroître la nécessité pour les leaders de mieux comprendre et atténuer les risques liés aux effectifs, lesquels peuvent se répercuter sur la réputation d’une organisation et sur l’opinion que les employés et les parties prenantes ont de l’organisation. Les actions des entreprises sont plus que jamais scrutées, que ce soit à cause de la propagation et de l’amplification de l’information (et de la désinformation) dans les réseaux sociaux ou de l’augmentation des attentes des parties prenantes. Parmi les acteurs exerçant une étroite surveillance des organisations figurent les organismes de réglementation, qui adoptent des règles ayant d’importantes incidences du point de vue des risques liés aux effectifs, puisqu’il faut affecter des ressources à la conformité et qu’une partie des exigences imposées concernent les ressources humaines (nous y reviendrons).
Appelées à répondre à des attentes croissantes dans un environnement toujours plus complexe, que font les organisations canadiennes? De manière générale, elles s’intéressent à ces questions en réaction à des événements survenant au sein de leur structure, dans leur secteur d’activité ou dans la société plus globalement. La responsabilité de gérer les risques liés aux effectifs face à ces événements revient très souvent aux services des ressources humaines (RH), qui tendent à y répondre avec les outils qu’ils maîtrisent le mieux, comme des politiques ou des formations.
En raison de leur tendance à réagir aux événements, les organisations peuvent omettre de tenir compte de risques importants ou affecter des ressources insuffisantes à des enjeux ne faisant pas partie de leurs grandes priorités. Si elles étaient plus proactives, elles prendraient le temps d’évaluer et d’analyser tout l’éventail des enjeux qui peuvent les toucher. Des études récentes montrent que les organisations canadiennes pourraient en faire plus pour mesurer leur exposition aux risques et adopter de nouveaux moyens de les aborder. Comme nous l’avons constaté récemment dans notre Enquête mondiale sur la gestion des risques, seulement la moitié environ (54 %) des répondants canadiens se sont dotés d’un cadre efficace d’analyse prospective qui leur fournit une vue globale des risques auxquels ils sont exposés.
Lorsque la gestion des risques liés aux effectifs incombe uniquement aux RH, les réponses peuvent ne viser qu’un seul secteur de l’organisation, alors que l’approche qui serait la plus efficace nécessiterait potentiellement des changements plus englobants. Des formations sur les comportements éthiques, par exemple, peuvent être insuffisantes pour maîtriser de nombreux risques associés à l’IA générative. Ainsi, s’il est essentiel que la fonction RH participe de près à la gestion de ces risques, il importe aussi de faire appel à des spécialistes des technologies, afin d’évaluer, par exemple, s’il faudrait implanter un programme des droits d’accès pour éviter que l’adoption d’un outil d’IA générative n’entraîne la divulgation de renseignements confidentiels (comme des données sur le salaire ou le dossier médical d’employés).
Du fait de l’approche qu’elles utilisent, bien des organisations se privent des avantages concurrentiels et de l’amélioration des résultats financiers que récoltent celles qui adoptent les meilleures pratiques de gestion des risques et de renforcement de la conformité. Elles peuvent, par exemple, se priver des économies qu’une approche plus globale pourrait engendrer en orientant les ressources et les investissements vers les risques liés aux effectifs qui présentent le plus grand potentiel de création ou de préservation de la valeur.
Le secret, pour matérialiser ces avantages, est d’adopter une approche des risques plus stratégique à l’échelle de l’entité; cette approche sera axée sur la force de l’humain et la puissance de la technologie et ancrée dans la mission et les valeurs de l’organisation. Cela suppose du perfectionnement pour les équipes et l’emploi d’outils fondés sur des données, pour mieux comprendre, surveiller et communiquer les risques liés aux effectifs, définir la tolérance au risque et les seuils de risque de l’organisation et déterminer ce à quoi il faut accorder le plus d’attention et de ressources. La vue globale des risques ainsi obtenue permet ensuite de soutenir et de mobiliser les principales fonctions de l’organisation lorsque des changements doivent être apportés.
Les organisations qui se donnent la peine de bien analyser les risques liés aux effectifs et de changer d’approche pour les gérer peuvent réussir de façon éclatante. Nous en avons vu obtenir des résultats impressionnants en procédant à de vastes exercices de transformation axés sur des objectifs et conçus pour instaurer la bonne culture et les bons comportements chez tout le personnel. Ces organisations sont ensuite plus aptes à attirer et à retenir des talents essentiels, entretiennent des liens plus solides avec leurs clients et les organismes de réglementation et ont des employés prêts à se faire leurs ambassadeurs.
De telles réussites montrent que les organisations peuvent tout à fait utiliser le personnel comme levier renforcer leur résilience. En exploitant la puissance des technologies et des données de manières nouvelles et en discutant des risques liés aux effectifs dans un cadre pluriel et multidisciplinaire, elles peuvent faire d’un paysage sans cesse plus complexe un moteur de croissance et de changement les préparant à affronter d’innombrables défis
Pour aider les organisations canadiennes à faire les premiers pas, nous avons conçu un outil de diagnostic qui peut les éclairer sur leur situation particulière. Cet outil recense plus de 400 risques et aide les organisations à évaluer et à comprendre les risques liés aux effectifs qui les touchent. Il fait partie de notre solution intégrée qui combine les points de vue de nos nombreux experts avec des technologies aidant les organisations à adopter une approche plus proactive et à exploiter de nouveaux moyens de créer de la valeur.
Leader nationale, Réinvention du modèle d’affaires, PwC Canada
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Associée et leader nationale, Risque, gouvernance et audit interne, PwC Canada
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